Martinique 1ère est en deuil, depuis la disparition d’Eddy Edouard. Le journaliste retraité de l'ex ORTF, FR3 et RFO, a été un des piliers du service public de la radio et de la télévision de l’île.
De 1960 jusqu’à ce jour, sa rigueur professionnelle et son charisme naturel auront inspiré plusieurs générations de confrères et collègues de l'audiovisuel local.
"J'ai beaucoup appris de lui"
Le journaliste Laurent Eugénie, retraité également, est très affecté par la disparition d’Eddy Edouard. Il se souvient (en larmes) des conseils de son aîné qu’il considère comme "un père" et dont il salue "le souci de la perfection".
J'ai travaillé pendant 3 ans en continu avec Eddy le matin en radio (…). C’était un homme d'une culture incommensurable qui faisait preuve de beaucoup de rigueur professionnelle. Quand je suis passé à la présentation du journal télévision, il m'a prodigué énormément de conseils (…). Je veux ajouter que c'était un grand pédagogue qui n'employait jamais un terme impropre. Il avait un vocabulaire simple et juste qui allait de pair avec le métier de journaliste, d'une intégrité remarquable… j'ai beaucoup appris de lui.
Laurent Eugénie, journaliste radio-télé, retraité du service public en Martinique
"Un grand frère… un père"
Il avait ce souci de la perfection qui fait les grands professionnels. Avec André Quion-Quion [caméraman décédé], je perds en moins d'un an deux de mes plus proches confrères et amis. Eddy et moi n'étions pas de la même promotion, mais on partageait beaucoup de ce métier de journaliste. On passait des heures au téléphone il n'y a pas si longtemps. C'était un grand frère, c'était comme un père.
Laurent Eugénie
"Acteur phare du paysage cathodique… d’une grande rigueur"
Daniel Bétis, encore en activité à France TV, échangeait régulièrement au téléphone avec Eddy Edouard, qui reste à ses yeux, "un monument" qui fustigeait "la médiocrité".
C’est une figure marquante de l’audiovisuel qui s’en est allée. C’était un professionnel d’une grande rigueur et d’une grande culture. Il incarnait l’humaniste ouvert à l’éveil et à la responsabilité, fustigeant la médiocrité. Il aimait la musique classique et l’art lyrique en général, mais il appréciait aussi la musique traditionnelle. Ce passionné d’aviation était très aimé du public. Eddy Édouard attaché aux valeurs, reste à mes yeux un monument, un acteur phare du paysage cathodique.
Daniel Bétis - Coordinateur à France Télévisions
Géraud Ambroisine qui jouit d’une retraite paisible, garde lui aussi en mémoire, "la rigueur du langage et la précision du texte", auxquelles était attaché Eddy Edouard.
Eddy Edouard, avant d’être mon collègue, était un excellent ami de mon grand frère. Puis il est devenu le mien. Arrivé à l’ORTF en 1972, notre relation était donc plus amicale que professionnelle. Il m’a longuement conseillé, comme il le faisait d’ailleurs avec tant d’autres, sur la mise forme de nos émissions en radio et en télévision, la rigueur du langage et la précision du texte. C'est non seulement un ami que j'ai perdu, mais encore un exceptionnel érudit. Mes pensées accompagnent sa famille et ses proches dans cette épreuve.
Géraud Ambroisine - ancien animateur, chef monteur et directeur des programmes à la station de Clairière à Fort-de-France
"Premier journaliste martiniquais à parler dans le poste"
Nous avons vécu et grandi tous les deux à Clairière. Il était mon cadet mais c'est tout de même lui m'a mis le pied à l'étrier dans le journalisme, parce qu’il a commencé à la radio beaucoup plus tôt que moi. C’est un professionnel du métier pour qui je garde une grande estime (…). Il a été le premier journaliste martiniquais à parler dans le poste, car on n'avait pas de télé à l'époque (…). Cela a été un choc pas possible quand j'ai appris son décès.
Bernard Régis, journaliste, rédacteur en chef et directeur régional au sein du réseau Outre-mer, à la retraite(interrogé par Bertrand Caruge sur Martinique 1ère radio)
"Passionné... à la pointe des technologies nouvelles"
Max Maurice-Madelon était directeur artistique radio-télé, lorsque Eddy Edouard était encore à l'antenne, en fin de carrière. Il se souvient d'un grand voyageur.
Eddy Édouard a été de ceux qui ont construit l'audiovisuel public en Martinique avec rigueur et exigence. Toujours d'un bon conseil pour les nouveaux. Grand amateur d'aviation et pilote, il a découvert les pays de la Caraïbe depuis le ciel. Il les a aussi sillonné ainsi que ceux de l'Amérique du Sud et de l'Amérique du Nord, pour assurer de grands reportages, comme celui sur notre cantatrice Christiane Eda Pierre à New York. Passionné, il était à la pointe des technologies nouvelles. C'était un Homme, c'était un Journaliste.
Max Maurice-Madelon - ex directeur artistique radio-télé à RFO Martinique
"J'ai appris la rigueur, le choix du mot juste..."
"C'est avec une immense tristesse que j'ai appris le décès de mon cher confrère et ami Eddy Edouard" commente Sonia Laventure, ex présentatrice vedette de la chaine publique.
Eddy m'a accueillie avec bienveillance quand, jeune journaliste, je suis arrivée à la station de Clairière. A l'époque, il présentait les journaux radios du matin et j'ai travaillé à ses côtés pendant plusieurs mois, avant de me consacrer plus entièrement à la présentation des journaux télévisés. Auprès de lui, j'ai appris la rigueur, le choix du mot juste et nous savourions tous les deux les subtilités de la langue française (mes premières études avant le journalisme) !
Sonia Laventure
"Ses conseils m'étaient précieux"
Bien après son départ à la retraite, il continuait à suivre mon travail et ses conseils m'étaient précieux. Eddy était un érudit, s'intéressait à tout et avait des connaissances approfondies dans plusieurs domaines, dont l'aéronautique. Mais il a surtout, au fil des ans, été mon ami. Et son amitié, ainsi que celle de sa chère Yolaine, me sont précieuses.
Sonia Laventure
"Il était exactitude et rigueur"
"J’ai perdu un maître" confie Gérald Prufer, journaliste, rédacteur en chef et directeur régional dans plusieurs stations du réseau Outre-mer, aujourd'hui Médiateur du groupe FTV. "Eddy Edouard était une référence à mon arrivée à Radio Martinique. J’étais fier d’être avec lui, d’apprendre avec lui. Toujours bien apprêté même à 4h00 du matin, il était exactitude et rigueur. Les journaux démarraient à l’heure et finissaient à l’heure.
Gérald se souvient aussi du passionné de grande musique et de cuisine.
Tout était minutieusement écrit, à la virgule près, tapé à la machine à boule de l’époque par lui-même, et dans un français parfait. Info vérifiée, concordance des temps vérifiée dans ses phrases, il répétait son journal pour placer sa voix et ses effets de voix. Pas de fausses notes à l’antenne, pas de euh… On écoutait Monsieur Eddy Edouard. C’était un homme de précision et d’un grand niveau de référence. Exigeant avec lui-même et avec les autres. Grand amateur d’opéra, il avait une oreille musicale incroyablement développée et une installation hi-fi à faire pâlir les puristes. Tous ses réglages étaient mémorisés et il vous faisait écouter les violons, les violoncelles les contrebasses, les hautbois, les flûtes ou les cymbales du dernier opus de Herbert Van Karajan à l’Opéra de Berlin, où vous détaillait les notes à peine sorties des cordes vocales de la divine soprano Christiane Edda-Pierre dans les contes D’Hoffmann à l’Opéra Garnier.
Gérald Prufer
Amateur de bons repas "mon ami Eddy, ma référence..."
C’était aussi un passionné de cuisine, amateur de recettes à la vanille naturelle. Pour satisfaire cette passion, j’ai eu le plaisir de lui envoyer des gousses de la Réunion, de Mayotte ou encore de Tahiti. À l’aveugle, il était capable de les identifier au parfum et au goût. C’était tout ça Eddy, mon ami Eddy, ma référence radiophonique, mon maître formateur. Tu vas me manquer mon ami et tu me laisses tant de souvenirs... Bon voyage dans l’au-delà.
Gérald Prufer
Le journaliste Eddy Edouard, un homme pondéré à l’antenne comme dans la vie, humble et d’une parfaite éloquence, restera incontestablement un exemple pour la profession. Il avait 86 ans.