Elysée 2022 : la droite peine à se rassembler autour d’un projet et d’une personnalité

Des militants de LR à l'issue d'un meeting de rentrée à Paris (image d'illustration).
Plus que 6 mois avant de connaître le nom du chef de l’Etat que nous serons amenés à choisir le 24 avril 2022, date du second tour de l'élection suprême. Parmi les candidats à venir, celui ou celle que la droite soutiendra. Mais à quelles conditions ?

A six mois de l’élection présidentielle, la droite peine encore à s’unir autour d’un projet politique fondé sur une vision de la société et une personnalité capable d’appliquer ce projet et d’incarner cette vision. Les fortes dissensions apparues depuis l’élection présidentielle perdue en 2017 demeurent présentes. Il reste à savoir si le congrès de Les Républicains, la principale formation de cette mouvance idéologique, le 4 décembre 2021, sera l’occasion de raffermir les liens distendus.

De là à prétendre que la droite va vers un schisme, il y a un pas que certains n’hésitent pas à franchir. Il est vrai que depuis quelques jours, les intentions de vote en faveur des candidats de l’extrême droit totalisent environ 35% des voix potentielles. Une donnée à prendre nonobstant deux précisions.

D’une part, il s’agit de plusieurs enquêtes d’opinion dont les résultats portent sur les personnes certaines de leur choix. D’autre part, ces mêmes enquêtes révèlent que moins de la moitié des personnes interrogées déclarent s’intéresser à l’élection du présidentielle.

Des sondages à lire avec prudence

 

Il convient de prendre garde aux conclusions hâtives et aux propos définitifs. En revanche, les tendances photographiées laissent à penser que le corps électoral s’est fortement droitisé durant ce quinquennat. La tendance est perceptible depuis une bonne décennie, mais elle est de plus en plus marquée.

Le conservatisme, la tentation du repli sur soi, la crainte de l’invasion par l’étranger, la situation économique morose, l’attitude de l’exécutif sont autant de facteurs alimentant cette poussée de la droite et de l’extrême droite au détriment de la gauche. En théorie, les Républicains, qui occupent l’essentiel de l’espace sur le coin de droite de l’échiquier politique devraient en profiter.

Sauf que le clivage entre conservateurs et libéraux continue de diviser la formation. Un bon cinquième de ses électeurs habituels accorde de l’intérêt à certaines thèses défendues par des personnalités d’extrême droite. Ce qui signe un réel affaiblissement de la droite de gouvernement.

La logique unitaire a du mal à se maintenir

 

Il est lointain ce temps où Nicolas Sarkozy avait opéré l’alliage entre les trois courants de cette mouvance en créant Les Républicains, en 2015. Il souhaitait parachever la logique unitaire entamée par Jacques Chirac, fondateur de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2002 pour conquérir le pouvoir.

A chacune de ces occasions, l’aile libérale avait pu s’entendre avec le courant bonapartiste centralisateur et la tendance souverainiste. L’alchimie semble impossible en 2021 entre les modérés modernisateurs et les conservateurs jacobins. Au point que les LR ont le choix entre se scinder en deux camps ou trouver un compromis autour d’un projet de substitution à celui en vigueur et d’une personnalité consensuelle.

Dans le premier cas, c’est la défaite assurée. Dans la seconde hypothèse, la victoire n’est pas acquise, vu le dynamisme de la frange extrémiste qui articule son discours sur l’identité ou sur l’immigration avec une certaine vulgarité que certains prennent pour de la franchise.

Si la campagne est lancée, l’élection est encore lointaine. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille prendre son temps. La nature politique a horreur du vide, un adage bien connu à droite. La droite qui a une carte à jouer après dix ans d’absence de l’Elysée.