Quels seront les profils politiques des députés de Martinique, au vu des résultats du premier tour de l’élection présidentielle ? Emmanuel Macron qui a réalisé 16% des voix sera-t-il relayé par des parlementaires locaux s’il est réélu ? Marine Le Pen avec ses 13% pourra-t-elle compter sur des députés au cas où elle entre à l’Elysée ?
Et que dire du score de Jean-Luc Mélenchon, sorti largement en tête avec 53% des voix ? Sa formation politique, forte de 17 députés aujourd’hui, sera-t-elle renforcée par l’apport de députés de Martinique ?
En fait, le paysage politique martiniquais n’épouse pas nécessairement les résultats de l’élection présidentielle. Les partisans de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen ne disposent pas de relais locaux. Ils n’ont aucun conseiller municipal, aucun élu à la Collectivité Territoriale de Martinique, ni aucun parlementaire.
Même constat pour les soutiens d’Emmanuel Macron. Ils sont tous des élus ralliés à sa cause, ayant entamé leur vie politique dans d’autres formations. La République en marche ne compte qu’une seule membre au sein de l’Assemblée de Martinique sur cinquante-et-un.
Mélenchon, Le Pen et Macron peu représentés en Martinique
Nos formations politiques disposant du plus grand nombre d’élus locaux et parlementaires ne se sont pas impliquées dans la campagne présidentielle, ou si peu. Pas plus le Parti progressiste (PPM) et ses alliés de l’Alliance que le Mouvement indépendantiste (MIM) et ses alliés du Gran Sanblé Pou Matinik ni Péyi’a ne s’y sont investies à la hauteur de leur influence.
Il serait donc étonnant que nous élisions des députés mélenchonistes, lepénistes ou macronistes. De plus, il convient de connaître l’identité du futur chef de l’Etat pour savoir si les citoyens martiniquais contribueront à lui donner, ou pas, une majorité à l’Assemblée nationale.
Ce qui n’est pas le cas de la législature actuelle, débutée en juin 2017. Nos quatre députés sortants ont siégé dans l’opposition au président en exercice. Ce qui ne les a pas empêchés de faire entendre leur voix. Ceci dit, les 27 députés des 11 collectivités d’Outre-mer disposent, dans leurs territoires, d’une audience plus forte et d’une visibilité supérieure à nombre de leurs collègues de l’hexagone.
Entre autres exemples du travail de nos députés, signalons leurs nombreuses questions au gouvernement sur la gestion de la crise sanitaire. De vifs échanges ont opposé Josette Manin, Jean-Philippe Nilor et Manuéla Kéclard-Mondésir au ministre de la Santé, Olivier Véran, sur la suspension des personnels soignants non vaccinés, ces derniers temps.
Nos députés ont rempli leur mandat
Manuéla Kéclard-Mondésir a été membre d’une mission d’évaluation de l’application de la loi sur la sortie de la crise sanitaire. Elle a également déposé des propositions de résolution sur la lutte contre la pauvreté Outre-mer après la pandémie ou encore pour la création d'une commission d'enquête sur la gestion de l'eau en Martinique.
Serge Letchimy a présidé la commission d’enquête sur le chlordécone et le paraquat aux Antilles, qui a permis de lever un coin du voile sur ce scandale. Il a été l’auteur de trois propositions de loi.
Jean-Philippe Nilor a fourni un apport déterminant au vote de la loi sur l’indivision successorale outre-mer. Il a aussi proposé une résolution pour la création d’une commission d'enquête sur la provenance, la circulation, le trafic, la détention et l'usage des armes à feu en Martinique et en Guadeloupe.
Josette Manin est intervenue récemment sur les récents mouvements sociaux ou sur le renforcement des moyens de lutte contre le trafic de drogue. Elle a notamment été co-rapporteure d’une mission d’évaluation de la loi transformant l’Université des Antilles et de la Guyane.
Et n’oublions pas l’implication de ces élus pour relayer auprès du gouvernement les préoccupations des habitants de leur territoire. Leur statut d’opposant ne les a pas dispensés de remplir leur mandat, quelle que soit le jugement que chacun peut porter sur leur efficacité ou leur compétence.
Trois d’entre eux ne sont pas candidats à la reconduction de leur mandat, pour des raisons politiques ou personnelles. Nos députés seront donc remplacés. Par qui ? Sur quelles bases politiques ? Pour siéger dans l’opposition ou dans la majorité ? Réponses le 19 juin 2022.