Vue de Martinique aussi, la campagne présidentielle de 2022 revêt des aspects étranges. Elle se déroule dans une relative indifférence des électeurs, comme le révèlent les enquêtes quotidiennes d’intentions de vote. Certes, ces études ne portent que sur les électeurs de la France continentale. Les pays d’outre-mer sont par définition exclus des protocoles de méthode des instituts spécialisés.
Ceci dit, les forces politiques locales n'arrivent pas, elles non plus, à mobiliser l'électorat qui semble peu intéressé par la campagne. Elle se tient, qui plus est, dans un contexte inédit. La guerre aux portes de l’Union européenne nous concerne aussi, en tant que nous sommes partie prenante de cet ensemble géopolitique.
Ici aussi, nous sommes très attentifs aux répercussions, dans notre vie quotidienne, de l’évolution de cette guerre injuste et illégale. Nous aussi, nous entendons et voyons un président-candidat engagé sur le front diplomatique et sur celui de sa réélection. Une position lui conférant un message brouillé. D’autant plus que ses rares soutiens locaux sont plutôt discrets.
Un climat politique plombé par la guerre
Face à lui, la candidate de la droite a du mal à trouver le ton juste entre un discours libéral et une posture autoritaire. Elle emprunte les marqueurs de ses concurrents de l’extrême droite et du président-candidat. Ajoutons à cette difficulté de positionnement l’existence de deux comités de soutien locaux. La multiplicité n’est pas forcément gage d’efficacité.
Et que dire des quatre candidats de gauche ? Leurs relais locaux tardent à passer la surmultipliée. Les divisions et désaccords entre socialistes, communistes et écologistes sont palpables par les électeurs de Martinique aussi. Ils éprouvent le plus grand mal à choisir celui qui incarne le mieux l’alternative au président sortant.
Un autre signe que nous vivons une campagne véritablement inédite est le haut niveau historique des intentions de vote en faveur des candidats d’extrême droite. Ils ne disposent pas de porte-voix sur place, c’est un fait. Probablement parce que la xénophobie, le racisme, le repli identitaire sont des valeurs à l’inverse de celles auxquelles nous restons attachés quand nous évoquons la France. A savoir la liberté, l’égalité, la fraternité et les droits humains.
Vers une abstention record ?
Au final, le caractère bizarre de cette campagne risque de générer une abstention record. Le tiers des électeurs dit qu’il n’ira pas voter. Ce qui constituerait un record pour l’élection présidentielle. Faute d’études de terrain, nous pouvons supputer que les électeurs de Martinique suivront la même pente. Il est vrai que nous n’avons jamais enregistré ici une participation plus forte que le total national.
Décidément, avant qu’elle soit conclue, l’élection présidentielle de 2022 marque déjà les esprits.