Elysée 2022 : voter pour un candidat ou contre l’autre s’apparente au choix impossible

Macron ou Le Pen ? Vote blanc ou abstention ? Que ferons les électeurs ce samedi 23 avril, jour du second tour de scrutin en Martinique de l’élection présidentielle de 2022 ? Passage en revue des hypothèses.

Un bref rappel des résultats de l’élection de 2017 en Martinique s’impose pour fixer les idées. Avec 77,5% des voix, Emmanuel Macron devançait Marine Le Pen qui en obtenait 22,5%. L’abstention frôlait les 50%. Le résultat pour la France entière donnait 66,1% des voix à Emmanuel Macron et 33,9% à Marine Le Pen, avec 25% d’abstention.

Ceci remémoré, le large écart entre les deux finalistes de 2017 sera-t-il identique en 2022. Pour y répondre, il convient de se demander qui votera pour la candidate du Rassemblement national ? Deux catégories d’électeurs peuvent être délimitées.

Tout d’abord, celles et ceux qui veulent pousser un cri de colère contre la politique du gouvernement. Les sujets ne manquent pas, de la gestion chaotique de la crise sanitaire à la persistance du marasme économique. L’exaspération monte face à la dégradation des conditions de vie de la population se traduisant, notamment, par l’accroissement des inégalités sociales.

Un vote protestataire

Les départs massifs de nos jeunes, l’incivisme et l’individualisme qui gagnent du terrain, l’avenir du pays qui semble s’assombrir sont d’autres causes de la lassitude démocratique palpable.

Or, les solutions attendues ne viennent pas. L’impatience nourrit la frustration, et inversement. Ce qui peut suffire à émettre un vote de protestation contre le système et son élite supposée l’incarner.

Hormis ces électeurs désabusés, d’autres voteront volontiers pour la candidate du RN car ils adhèrent à son programme. Ainsi de l’interventionnisme de l’État, de l’augmentation de la dépense publique, des restrictions aux droits des étrangers, de la refonte de la politique étrangère, de la multiplication du référendum afin de contourner des institutions jugées déconnectées de la réalité.

Un vote d’adhésion 

Ces électeurs assument parfaitement cette vision. Laquelle est foncièrement différente de celle proposée par La République en marche. C’est pourquoi les raisons de voter Macron sont doubles, là aussi. Certains électeurs veulent montrer leur crainte de l’extrême droite et de ce qu’elle représente, notamment la xénophobie, le repli sur soi, l’autoritarisme de l’État, la remise en cause de droits fondamentaux. Les nationalistes au pouvoir en Hongrie, en Pologne, en Russie ou au Brésil inspirent perplexité ou inquiétude en Martinique aussi.

Il va sans dire qu’une autre fraction de l’électorat approuve le programme d’Emmanuel Macron. Ils sont favorables à l’allègement des devoirs de l’État vers les collectivités locales et le secteur privé, la réforme des services publics sur le modèle managérial de l’entreprise.

Ils approuvent le renforcement des mesures contre les immigrants, la consolidation de l’arrimage de la France à l’Union européenne, le démantèlement de la législation sociale protectrice des salariés. Ils partagent également sa pratique du présidentialisme vertical.

Un vote contraint 

Voter Le Pen ou voter Macron, c’est aussi bien voter pour leur programme que choisir l’un contre l’autre. Ce choix forcé est aussi un choix cornélien. D’où l’option du vote blanc pour certains qui ne veulent pas choisir entre la peste et le choléra, comme ils disent. D’autres pensent que voter Macron est inutile, puisqu’il est assuré de l’emporter, estiment-ils.

L’électorat étant stratège, certains citoyens voteront blanc pour affaiblir les deux adversaires, dans la perspective des législatives. Lesquelles sont considérées comme un moyen, de rééquilibrer les pouvoirs entre le pouvoir exécutif, quel que soit son titulaire, et le pouvoir législatif.

N’oublions pas, enfin, les abstentionnistes. Un certain nombre s’adaptera, quoiqu’il en soit, le 24 avril. Il reste à savoir leur nombre, la non-participation électorale étant aussi une forme d’exercice de son libre-arbitre. Le libre-arbitre, une notion plus que jamais essentielle en ce mois d’avril 2022.