Empoisonnements d'animaux à Madiana plage : un pesticide foudroyant utilisé à fortes doses !

Papaye et Shrub étaient stérilisés, vermifugés et nourris par des bénévoles. Ils ont été empoisonnés à Madiana Plage (Schoelcher).
Des animaux avaient été empoisonnés à Madiana Plage sur la commune de Schoelcher fin décembre 2019. Suite à des analyses, il s'avère que le poison utilisé est un pesticide interdit et dangereux pour les animaux et les hommes. 
Huit chats et le chien d’un riverain avaient été retrouvés morts fin décembre 2019 à Madiana Plage sur la commune de Schoelcher.
La série d’empoisonnement, méthodique, avait duré du 17 au 24 décembre 2019.

Avec un mode opératoire très ciblé. Une ou des personnes jetaient du poison dans les gamelles de nourriture avec la ferme intention de supprimer des animaux. 

Soutenu par la Fondation 30 Millions d’Amis, un collectif de huit organisations de protection animale a lancé une pétition dénonçant les empoisonnements d’animaux.
 

Du poison dangereux pour l'homme 


Les bénévoles s’occupant de stériliser, de vermifuger, et de nourrir des chats errants avaient pris la précaution d’utiliser des gants pour ramasser les gamelles.

Une plainte avait alors été déposée auprès de la gendarmerie de Schoelcher. L'enquête se poursuit actuellement pour retrouver les auteurs de ces actes.

Les actes de cruauté envers animaux sont en effet sanctionnés par la loi

D'autant plus qu'après avoir identifié l'origine du poison, il s'avère qu'un enfant ou un adulte aurait pu, malencontreusement, toucher à cette nourriture ou aux récipients.

Seul le contact cutané avec le récipient vide suffit à s'empoisonner. Pour Jean Iotti, directeur de service à la DAAF (Direction de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt). 

La dose toxique pour un homme n’est que d'un microgramme (NDLR : 0.001 mg par kilo de poids de corps). Le Temik inflige la pire des morts que l’on peut imaginer. Son emploi, même pour tuer des rongeurs, est inadmissible. Et concernant les animaux domestiques, la peine encourue par les empoisonneurs est même plus grande que de donner la mort, car il s’agit d’une torture » .


Deux vétérinaires de l’île avaient été missionnés pour apporter leur contribution à l'enquête et des analyses avaient été réalisées par un laboratoire dans l’hexagone. Le résultat des analyses est issu des autopsies et du contenu des estomacs des animaux.
L'un des chats empoisonnés retrouvé sur Madiana Plage à Schoelcher en décembre 2019.
 

Un pesticide interdit mais toujours présent en Martinique 


Le Temik a été interdit en Europe dès 2003 en raison de son "extrême dangerosité".
L’OMS (Organisation mondiale de la santé) le qualifiait alors de "produit agricole en usage (...) au degré de toxicité la plus aigüe".

Les risques pour l’homme, les mammifères, les oiseaux, et les milieux aquatiques avaient été jugés "inacceptables" et l’Union Européenne avait alors ordonné la destruction des stocks.

17 ans après son interdiction, ce poison violent existe encore Martinique.

Jean Iotti, directeur de service à la DAAF (Direction de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt) ajoute : 

L’utilisation du Témik présentait un trop grand danger pour les ouvriers agricoles, puisqu’un contact avec la peau pouvait être mortel ! Mais aussi en raison de l’utilisation mal intentionnée qui pouvait en être faite : empoisonnement d’êtres humains, ou d’animaux... »


Selon Louis-Daniel Bertome, président de la chambre d’agriculture de Martinique, le Temik était surtout utilisé dans les bananeraies, mais aussi dans les cultures de légumes racines.

Ces micro-granules noires étaient déposées au pied de chaque plant.

Après son interdiction, des campagnes de rappel avaient été organisées. Louis-Daniel Bertome reconnaît que "quelques rares professionnels ont pu vouloir conserver ce toxique, très cher à l’achat".

Or ce produit est passé de mains en mains dans la population, il s'avère que l'on peut encore s'en procurer.

Contactés à plusieurs reprises au sujet de ces empoisonnements, les services de la mairie de Schoelcher n'ont toujours pas réagi publiquement à ces actes de cruauté envers les animaux.