Le Grand débat national se met en place peu à peu. Certains maires ont prévu d’organiser des rencontres citoyennes afin de recueillir les doléances de la population sur leur vie quotidienne, comme le souhaite le chef de l’Etat. Ce nouveau débat est-il utile ?
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Le Grand débat national ? Non merci, on a déjà donné. Passez-moi l’expression mais elle est souvent déclinée, sous des formes équivalentes, ces derniers jours. Bien sûr, la consultation sera organisée ici ou là. Il n’y a aucune raison de ne pas prendre la parole. Sauf que nous avons déjà été conviés à deux grandes concertations : les Assises pour l’outre-mer, en 2018, et les Etats généraux de l’outre-mer, en 2009, il y a 10 ans. Pour des résultats mitigés, chacun en convient.
Il s’agissait de recueillir nos avis et propositions sur la refonte de la politique étatique de l’outre-mer. Et depuis, le doute plane quant à la volonté des gouvernements successifs d’opérer des changements significatifs. Exemple : la loi sur l’égalité réelle outre-mer de 2017 n’est toujours pas applicable, faute de décrets. Ce texte confirme la persistance de discriminations dont souffrent les habitants de nos territoires par rapport à ceux de la France continentale.
Une troisième consultation populaire en 10 ans
Dernier exemple en date d’absurdités frisant le racisme colonial : le sort réservé à nos équipes de football pour la Coupe de France. Le président de notre ligue a saisi le comité d’éthique de sa fédération pour abolir une série de dispositions contraires au droit. Les dinosaures dirigeant le foot ignorent que nous sommes français depuis près de quatre siècles.
Alors, participer au Grand débat, pourquoi pas, après tout ? L’occasion nous est donnée de nous exprimer sur des sujets nous concernant. Les impôts, l’organisation des collectivités, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté, sont dignes de notre intérêt. Nos avis seront-ils pris en compte cette fois ? Un nouveau pari à relever, nous qui nous vivons comme les éternels oubliés de la République.