Le personnel du CHU de Martinique tire la sonnette d'alarme sur la situation de l'hôpital. Ce mercredi (26 juin), les agents affiliés à FO Santé lancent une grève illimitée pour exprimer leur colère face à la dégradation des conditions de travail au sein de l'établissement. Ces derniers pointent notamment "un gros problème d'argent" qui affecte la qualité des soins.
Aujourd’hui, on dit stop. Il n’a pas de dialogue social. Les conditions de travail se dégradent de jour en jour, on peut plus continuer. On ne peut plus être complice de ce système dans lequel nous sommes actuellement. Il faut qu’on nous donne les moyens de travailler convenablement. Il faut qu’on nous donne de l’argent pour payer les fournisseurs, pour débloquer la situation, parce qu’il y a un gros problème d’argent.
Jean-Pierre Jean-Louis, secrétaire général de Force Ouvrière Santéinterrogé par Grégory Gabourg
Les syndicats alertent sur la gestion de l'hôpital et le "non-paiement des fournisseurs".
Quand on ne paie pas les fournisseurs, on n’est pas livré en médicaments. Donc, on fournit des soins de mauvaise qualité. C’est le patient qui en pâtit. Des fois, on n’a même pas le matériel qu’il faut pour opérer, parce qu’on n’a pas payé le fournisseur. La qualité des soins se dégrade automatiquement.
Jean-Pierre Jean-Louis, secrétaire général de Force Ouvrière Santéinterrogé par Pierre-Yves Honoré
"L'attente aux urgences est souvent interminable"
Le personnel met également en lumière la situation aux urgences.
L'attente aux urgences est souvent interminable. Il est préférable d'y entrer sans aucun moyen de contrôle du temps, sans montre, téléphone portable, radio, ou télévision. Par exemple, en cas de col du fémur cassé, certains patients établissent des records en termes de patience, dans l'indignité, le manque de respect, la maltraitance… 3, 5,15 jours d'attente pour enfin entrer au bloc opératoire et être opéré.
Communiqué de presse de l’UGTM Santé
Des patients dénoncent les délais de prises en charge aux urgences.
J’avais fait un malaise à mon travail et les pompiers m’ont emmené au CHU. J’ai été inconsciente un petit moment et quand je me suis réveillée, j’avais une hémiplégie du côté gauche. Je suis restée plusieurs heures aux urgences, dans un couloir, sur un brancard. C’est quand une neurologue qui quittait son service, m’a vu sur le brancard, qu’on m’a prise en charge. Les soignants étaient débordés.
Un patiente des Urgences du CHUM
Il arrivait que les "patients couloir", comme on les appelait, restent 24 à 48h sur un brancard. (…) Il y avait un manque de moyens humains et matériels.
Un témoin aux urgences de l'hôpital de La Trinité
Dans un communiqué, l'UGTM Santé réclame la mise sous tutelle de l'établissement, "qui a dépassé les normes réglementaires d'endettement, qui met en danger quotidiennement les patients, qui oblige certains patients à attendre de façon anormale un rendez-vous pour avoir un diagnostic précis, pour être pris en charge correctement".
Les négociations entre les syndicats et la direction de l'hôpital devraient démarrer demain (jeudi 27 juin).