Après 4 jours de mobilisation des agents des services techniques de la CTM affiliés à FO (Force Ouvrière), le piquet de grève a été levé devant l’immeuble Fouche (ex-maternité de Redoute à Fort-de-France), en fin de journée, jeudi 14 septembre 2023.
Sur le protocole signé le même jour avec un représentant du conseil exécutif de la Collectivité majeure, figurent entre autres, des doléances récurrentes : des moyens humains supplémentaires, la révision des procédures d’engagement et de paiement, le manque de moyens matériels, ou encore la formation et la communication décriée chez certains cadres.
"Risques psychosociaux"
Respect de l'accord du PCE pour l'embauche de 100 agents à la DGA… Renforcement des effectifs actuels à la suite de la suppression de postes due au non-remplacement d’agents partis à la retraite... Problème de légitimité des agents dans le suivi des chantiers, compte tenu des retards de paiement… Prise en compte des risques psychosociaux et d'agressions engendrés par le non-paiement des factures (agents et techniciens sont les plus visés)...
Extrait du protocole d’accord signé jeudi 14 septembre 2023, entre FO et l’administration de la CTM
Au moment où cet accord était en train d’être finalisé, la CGTM-FSM-CTM mobilisait de son côté ses militants dans le hall du siège de la CTM, à Cluny, pour "une journée morte". Vêtus d’un tee-shirt noir, plusieurs grévistes ont pris la parole pour dénoncer "des conditions déplorables imposées aux agents" de la Collectivité.
Ils ont surtout évoqué des difficultés liées aux équipements (ascenseurs en panne, problèmes informatiques, dégradation de certains bâtiments, climatisations HS…).
À ce jour et ce, après la cyberattaque, la situation a empiré et devient insoutenable pour les agents de la CTM (…). Stop à la dégradation des conditions de travail et stop à la souffrance au travail. Stop à la mort prématurée de la CTM.
Tract de la CGTM-FSM-CTM
Ce syndicat rappelle qu’il avait déjà tiré la sonnette d’alarme "une fois de plus" via un mail en date du 10 mai 2023. D’ailleurs, l’organisation entend reconduire son mouvement dans les jours qui viennent pour les mêmes motifs.
Certains problèmes ne datent pas de la prise de fonction Mr Letchimy (…). On est dans une situation où il y a une augmentation des burn-out et des longues maladies aussi. Donc il faut se pencher là-dessus, car c’est de l’humain. Nous avons déposé un nouveau préavis de grève et nous sommes déjà près de 5 syndicats rassemblés sur les 9 que compte la CTM (…).
Christelle Etienne, CGTM-FSM-CTM
Nouvelle mobilisation en perspective…
Nous serons de nouveau en grève la semaine prochaine, sous la même forme avec les tee-shirts noirs, mais nous allons prendre une forme beaucoup plus costaude et nous allons barrer certains sites. Qu'ils prennent des décisions fortes, comme la nomination de 2 élus en charge du personnel et que les conditions de travail changent.
Christelle Etienne, secrétaire générale de la CGTM-FSM-CTM
Du côté de la CTGM, le constat reste le même. Le piratage informatique "n’a pas arrangé les choses dans la mesure où un certain nombre d’outils de travail n’étaient plus opérationnels, les logiciels de gestion des dossiers, de facturation etc.".
Mais en dehors des écueils techniques, les partenaires sociaux s’accordent à dire qu’"il y a d’autres soucis". Ils évoquent notamment "des problèmes de procédure, et de management" ; un haut cadre financier serait pointé du doigt à cause d’un "relationnel difficile".
"Un dysfonctionnement structurel"
Le "comportement" d’autres responsables, proches du cabinet du Président du Conseil Exécutif, Serge Letchimy, est aussi décrié d’après nos informations. C’est "un dysfonctionnement structurel" commente Willy Delors, le secrétaire de la CGTM-CTM, qui pour l’instant consulte ses mandants.
Mais le syndicaliste n’exclut pas lui aussi d’engager une mobilisation si les difficultés devaient perdurer, d’autant que la fusion Département/Région de 2015 semble encore grippée à certains égards.
"La fusion est aussi au cœur du problème"
On a une CTM qui n'est pas organisée, mais ce n’est pas d’aujourd'hui. C'est depuis des années que la situation se dégrade, du point de vue fonctionnement et organisation, pour différentes raisons. La fusion est aussi au cœur du problème. Elle s'est faite mais elle n’a pas été suffisamment préparée selon nous, parce que nous avons des cultures différentes, une histoire différente et nous avions des moyens déjà limités…
Eugénie Libert, FO-CTM
"Tout n’est pas né de la cyberattaque"
Il y a beaucoup d'éléments à prendre en compte, qui ne sont pas que politiques mais politiques à la fois, parce que la population a quand même voté pour des Présidents qui à tour de rôle, n'ont peut-être pas pris à leur juste dimension les difficultés administratives (…). Parce que la CTM est une très grosse machine, bloquée aujourd'hui à la suite de la cyberattaque, mais tout n’est pas né de la cyberattaque… il faut bien comprendre cela.
Eugénie Libert, secrétaire générale FO-CTM
À l’approche des nouvelles élections professionnelles (d’ici à la fin de l’année 2023), les organisations syndicales sont en tout cas bien déterminées à jouer chacune sa partition dans cette complexité administrative. Pourvu qu’il en aille de l’intérêt général pour une Collectivité Territoriale de Martinique plus harmonieuse et apaisée en interne, afin d'affronter les grands défis du futur.