Il y a 30 ans, Jean-Bertrand Aristide devenait le 1er président d’Haïti démocratiquement élu. Depuis, le processus démocratique a été marqué par des putschs, des irrégularités, ou des catastrophes naturelles. Aujourd’hui les USA estiment que la démocratie est en danger en Haïti.
Le politologue haïtien, Roudy Stanley Penn, a compté qu’entre 1804 et 2020, Haïti a eu 52 chefs d’État. Seuls 25% d'entre eux ont terminé leurs mandats, 54% ont été renversés et exilés, 8% ont été assassinés et 9% morts en exercice.
Depuis 1990, année des premières élections démocratiques, toutes les échéances électorales ont été marquées par des irrégularités, de la violence, d’une abstention importante et parfois des catastrophes naturelles.
Le 16 décembre 1990, Jean-Bertrand Aristide est élu président d’Haïti lors les premières élections démocratiques du pays. Son élection est validée par les observateurs de l’OEA, l’Organisation des États des Amériques. (Les politologues estiment que l’élection de Leslie Manigat le 7 février 1988 ne constitue pas un exercice démocratique. Elle a été organisée par l’armée qui, 4 mois plus tard, a destitué leur propre candidat à la présidence).
Jean-Bertrand Aristide arrive au pouvoir à la fin de 29 ans de dictature de Jean-Claude Duvalier, l’autoproclamé président à vie qui avait succédé à son père, François.
Aristide avait été un proche du régime duvaliériste.
Le 30 septembre 1991, il est renversé par un coup d’État mené par le lieutenant général, Raoul Cedras.
Après un retour, négocié par la communauté internationale, Aristide revient pour terminer son mandat. L'élections présidentielle du 17 décembre 1995, marque la première passation de pouvoir entre deux chefs d’État, élus démocratiquement en Haïti. René Préval devient le nouveau président.
Le 26 novembre 2000, Aristide remporte un deuxième mandat avant d’être contraint de partir en exil pour la deuxième fois. Il annonce qu’il a été kidnappé par les américains or le chaos régnait dans son pays.
En 2010, le deuxième mandat de René Preval touche à sa fin quand Haïti est secoué par le plus grand séisme depuis 2 siècles. Des centaines de milliers de personnes décèdent et plus d’un million d'autres sont sans abri. Une épidémie de choléra, introduit par les Casques bleus, aggrave la catastrophe.
Le premier tour, prévu en novembre 2010 est renvoyé début de 2011. Dans des conditions encore chaotiques, de personnes déplacées sans adresse fixe et des pertes de cartes d’identité. Le chanteur, Michel Martelly mieux connu sous le nom de Sweet Mickey, devient président d’Haïti.
La présidentielle de 2015 est annulée à cause des irrégularités.
Le scrutin est reporté au 5 octobre 2016. Le 4 octobre, l’Ouragan Matthew de catégorie 5 frappe Haïti avec la puissance d’une catégorie 5.
Le 20 novembre 2016, à peine un mois après le passage de Matthew, Jovenel Moïse, le candidat soutenu par Michel Martelly, est déclaré gagnant dès le premier tour.
Aujourd’hui les États Unis accusent le président Moïse de ne pas respecter les principes démocratiques.
Depuis un an, il dirige par décret. La législature est dysfonctionnelle pour cause de non-tenue des élections législatives. Son dernier décret concernant la sécurité publique prévoit de lourdes peines contre ceux qui placent des barricades sur la voie publique. Cet acte est défini terroriste.
Les États-Unis ne sont pas les seuls à s’inquiéter de l’érosion continue de la démocratie en Haïti, de l’absence d’élections législatives et de la gouvernance par décrets.
Jovenel Moïse a déclaré qu’il construit une "démocratie à la Jovenel".
Le président veut d’abord organiser un referendum pour valider une nouvelle constitution qui prévoit un régime présidentialiste et un parlement monocaméral.
C’est après ce referendum qu’il organiserait la présidentielle, les législatives et les municipales, le même jour.