Homophobie en Martinique : "la société du "makrelage" peut avoir des conséquences graves" (Louis-Georges Tin)

Louis-Georges Tin, universitaire et chercheur martiniquais, initiateur en 2005 de la "journée internationale de la lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie".

Lundi 17 mai, c’est la "journée internationale de la lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie". Initiée en 2005 par le martiniquais Louis-Georges Tin, cette journée est aujourd’hui célébrée dans 140 pays. Mais il y a encore des rejets dans l'île.

En 2021, les discriminations contre les personnes ayant fait le choix ou pas d’une sexualité différente, sont tenaces. Insultes, harcèlement, intimidations, stigmatisation, marginalisation… sont le lot quotidien des minorités sexuelles.

En 2020, la part des contextes lieux publics, milieu scolaire, travail, commerce et services a été mécaniquement réduite par la diminution de la fréquentation des espaces dédiés, lors des périodes de confinement et de couvre-feu.

 

Ces cas représentent tout de même 30 % des situations rapportées : les LGBTIphobies se sont bien poursuivies dans les rues, même désertées, dans les établissements scolaires (seules les universités ont fermé leurs portes plus de 2 mois), dans le monde du travail, les administrations et les commerces.

(Source : SOS homophobie - rapport 2021 sur les LGBTIphobies)

 

 

Pancarte contre l'homophobie lors d'une marche dans l'hexagone, à Besançon (mai 2021).

 

Martinique : la société du "makrelage"

 

L’universitaire et chercheur martiniquais, Louis-Georges Tin, qui milite sans relâche contre les discriminations en général, est l’auteur du dictionnaire de l’homophobie paru en 2003. Deux ans après, il a été à l’origine de cette "journée internationale de la lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie".

Louis-Georges Tin fait le distinguo entre la perception des homophobies dans l’hexagone et en Martinique.

Dans l’hexagone, si homophobe que soit le milieu où l’on est, on peut toujours prendre le train et aller dans la grande ville d’à côté, et retrouver une sociabilité LGBT qui rassure et protège.

 

L’insularité et la petitesse relative de la Martinique font que tout le monde connaît tout le monde. Cela peut être source de solidarité, mais aussi de contrôle abusif.

 

"Dépression…suicide" chez les jeunes

C’est la société du "makrelage" qui peut avoir dans ce domaine des conséquences graves. Partout où vous allez, si vous êtes avec votre partenaire de même sexe, vous pouvez être reconnu, dénoncé, et marginalisé.

 

Beaucoup de nos jeunes sont poussés à la dépression, voire au suicide. Du point de vue de la lutte contre l’homophobie, la principale différence entre l’hexagone et la Martinique, ce n’est pas tellement l’histoire, c’est avant tout la géographie.

(Extrait d’un entretien accordé à l’association KAP Caraïbes en 2020)

 

Affiches contre l'homophobie en Martinique

 

KAP Caraïbes est née en Martinique le 14 juillet 2012 suite à la première manifestation LGBT lors de la journée mondiale contre l’homophobie dans l’île. Son objectif est de "lutter contre toutes les formes de discriminations et plus particulièrement les discriminations homophobes, et venir en aide au public LGBT en difficulté".

L’association a décidé de lancer ce 17 mai 2021, sa "semaine des diversités" prévue jusqu’au 23 mai prochain. Pour suivre en ligne ce programme d’interventions, d’interviews de personnalités et d’informations diverses sur le sujet, vous devez vous abonner à la page Facebook de KAP Caraïbe ou prendre contact au : 0696 177 853 ou au 0596 67 29 58.

 

Programme de la "semaine des diversités" organisée par l'association KAP Caraïbe (mai 2021)

 

Si vous estimez être victime d’homophobie :

  • Appelez police secours au 17 ou le 3919 pour recevoir de l’aide ;
  • Envoyer un SMS au 114.