Il y a 33 ans, le 6 décembre 1987, un vaste mouvement populaire interdisait au leader du Front National, Jean-Marie Le Pen, de fouler le sol Martiniquais. Des milliers de personnes avaient, ce jour-là, envahi le tarmac de l’aéroport du Lamentin, empêchant l’appareil d’atterrir.
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En cette fin d’année 1987, la campagne pour l’élection présidentielle bat son plein. Convoitant les voix des indécis, les principaux candidats effectuent des tournées outre mer ; et le leader du Front National estime donc légitime de se rendre aux Antilles. Mais Jean-Marie Le Pen, fervent partisan de la colonisation, est déjà tristement célèbre pour avoir multiplié les sorties racistes et négationnistes, sur les médias de l’hexagone.
Juste avant son voyage en Martinique, Il vient d’ailleurs de commenter l’arrestation du tueur en série Thierry Paulin, soulignant lourdement les origines martiniquaises de l’assassin.
Regarder le reportage TV réalisé par Cyriaque Sommier et Guilhem Fraissinet
Un nouvel affront pour les partisans de la gauche locale qui décident de se mobiliser dès lors qu’ils apprennent que Le Pen doit, effectivement, venir à Fort-de-France. Le chef du Front National a invité une trentaine de représentants du groupe des droites européennes à l'Assemblée de Strasbourg.
Le "Congrès" doit avoir lieu le 7 décembre 1987, dans un grand salon de l’hôtel Méridien, aux Trois-Îlets (les personnels de l’établissement déposeront un préavis de grève pour protester).
Dès lors, deux entités orchestrent la mobilisation des martiniquais contre la venue de Jean-Marie Le Pen : un Collectif "Contre le racisme et le fascisme", regroupant des organisations syndicales et politiques de gauche, et un Comité "Le Pen Déwo" piloté par les indépendantistes.
Le collectif veut organiser des manifestations pendant la totalité du séjour des représentants de la "droite dure" européenne (arrivée à l’aéroport, congrès du Méridien etc). De son côté, le Comité entend, lui, empêcher totalement le chef de l’extrême droite française de poser le pied en Martinique.
Pendant plus d’un mois, RLDM (Radio Lévé Doubout Matinik) la radio militante de Rivière Pilote, ouvre tous les soirs son antenne aux auditeurs pour évoquer l’affaire et rallier le plus de monde à son mot d’ordre : "Le Pen Déwo". A Fort de France, les manifestations contre le racisme organisées pour l’occasion rassemblent des milliers de personnes, toutes sensibilités politiques confondues.
Le dimanche 6 décembre, quand un employé de l’aéroport d’Orly confirme la présence de Jean-Marie le Pen (qui voyage sous un faux nom) dans un avion d’Air France en route pour Fort-de-France, l’action est immédiatement déclenchée. La foule converge vers l’aéroport ; à Rivière-Pilote des autobus affrétés récupèrent des centaines de manifestants pour les acheminer sur place. Quelques dizaines de gardes mobiles installés devant les portes de l’aérogare vont bientôt se retrouver face à des milliers de personnes déterminées.
Pendant que des prises de paroles ont lieu devant l’aérogare, un groupe de manifestants contourne le bâtiment en direction des pistes et de la tour de contrôle tandis que d’autres (dont Alfred Marie-Jeanne et Marc Pulvar) s’introduise dans la salle de livraison des valises. Les premiers vont détruire la clôture les séparant du tarmac, les seconds passeront par le tapis à bagages. En quelques minutes la piste d’atterrissage est envahie ; les forces de l’ordre, totalement dépassées par les événements, ne réagissent pas.
Après avoir tourné dans le ciel du Lamentin pendant de longues minutes, l’appareil est finalement détourné vers la Guadeloupe, d’où il repartira quelques heures plus tard, direction Paris, avec Jean-Marie Le Pen pour seul passager.
33 années sont passées depuis ces événements, mais le leader d’extrême droite n’est (officiellement) jamais parvenu à fouler le sol Martiniquais.
Juste avant son voyage en Martinique, Il vient d’ailleurs de commenter l’arrestation du tueur en série Thierry Paulin, soulignant lourdement les origines martiniquaises de l’assassin.
Regarder le reportage TV réalisé par Cyriaque Sommier et Guilhem Fraissinet
L’indésirable JM Le Pen
Un nouvel affront pour les partisans de la gauche locale qui décident de se mobiliser dès lors qu’ils apprennent que Le Pen doit, effectivement, venir à Fort-de-France. Le chef du Front National a invité une trentaine de représentants du groupe des droites européennes à l'Assemblée de Strasbourg.
Le "Congrès" doit avoir lieu le 7 décembre 1987, dans un grand salon de l’hôtel Méridien, aux Trois-Îlets (les personnels de l’établissement déposeront un préavis de grève pour protester).
Un combat : deux stratégies
Dès lors, deux entités orchestrent la mobilisation des martiniquais contre la venue de Jean-Marie Le Pen : un Collectif "Contre le racisme et le fascisme", regroupant des organisations syndicales et politiques de gauche, et un Comité "Le Pen Déwo" piloté par les indépendantistes.
Le collectif veut organiser des manifestations pendant la totalité du séjour des représentants de la "droite dure" européenne (arrivée à l’aéroport, congrès du Méridien etc). De son côté, le Comité entend, lui, empêcher totalement le chef de l’extrême droite française de poser le pied en Martinique.
Mobilisation sur les ondes
Pendant plus d’un mois, RLDM (Radio Lévé Doubout Matinik) la radio militante de Rivière Pilote, ouvre tous les soirs son antenne aux auditeurs pour évoquer l’affaire et rallier le plus de monde à son mot d’ordre : "Le Pen Déwo". A Fort de France, les manifestations contre le racisme organisées pour l’occasion rassemblent des milliers de personnes, toutes sensibilités politiques confondues.
Jean-Marie Le Pen est dans l’avion
Le dimanche 6 décembre, quand un employé de l’aéroport d’Orly confirme la présence de Jean-Marie le Pen (qui voyage sous un faux nom) dans un avion d’Air France en route pour Fort-de-France, l’action est immédiatement déclenchée. La foule converge vers l’aéroport ; à Rivière-Pilote des autobus affrétés récupèrent des centaines de manifestants pour les acheminer sur place. Quelques dizaines de gardes mobiles installés devant les portes de l’aérogare vont bientôt se retrouver face à des milliers de personnes déterminées.
Le tarmac envahit
Pendant que des prises de paroles ont lieu devant l’aérogare, un groupe de manifestants contourne le bâtiment en direction des pistes et de la tour de contrôle tandis que d’autres (dont Alfred Marie-Jeanne et Marc Pulvar) s’introduise dans la salle de livraison des valises. Les premiers vont détruire la clôture les séparant du tarmac, les seconds passeront par le tapis à bagages. En quelques minutes la piste d’atterrissage est envahie ; les forces de l’ordre, totalement dépassées par les événements, ne réagissent pas.
Après avoir tourné dans le ciel du Lamentin pendant de longues minutes, l’appareil est finalement détourné vers la Guadeloupe, d’où il repartira quelques heures plus tard, direction Paris, avec Jean-Marie Le Pen pour seul passager.
33 années sont passées depuis ces événements, mais le leader d’extrême droite n’est (officiellement) jamais parvenu à fouler le sol Martiniquais.