C’est un incident rarissime qui s’est produit en plein hémicycle. Ce jeudi (3 novembre 2022), lors des questions au gouvernement, le député LFI Carlos Martens Bilongo prend le micro pour interpeller l'exécutif sur la situation des migrants en Méditerranée. Alors qu’il développe son propos, le député du Rassemblement national Grégoire de Fournas s’écrie à haute voix "qu'il retourne en Afrique" ou "qu'ils retournent en Afrique".
Ces propos provoquent aussitôt un tollé dans les rangs de la gauche. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet suspend la séance. Comme l’ensemble de ses collègues de la France insoumise, le député Carlos Martens Bilongo (Val-d'Oise) s’indigne.
Aujourd'hui, on m'a renvoyé à ma couleur de peau. Je suis né en France, je suis député français, et je ne pensais pas qu'à l'Assemblée nationale, j'allais me faire insulter. On m'a insulté, moi et toutes les personnes en France qui ont cette couleur de peau. C'est honteux, complètement honteux !
Le député Carlos Martens Bilongo
Le groupe Rassemblement national réagit peu après dans un communiqué en dénonçant une "manipulation dégueulasse" de La France insoumise. Le RN assure que Grégoire de Fournas a prononcé la phrase au pluriel sans viser expressément le député Carlos Martens Bilongo.
Gregoire de Fournas a déclaré 'qu’ils retournent en Afrique' en parlant du bateau transportant les migrants en Europe, en aucun cas en parlant du député. Cette phrase a été détournée par La France insoumise qui cherche des prétextes pour faire des interruptions de séance. Ils ont compris que je parlais du député, ce qui est faux.
Groupe Rassemblement National
Absent de l’hémicycle mais informé de l’incident, le député martiniquais Jean-Philippe Nilor exprime son indignation. C’est la première fois, selon lui, que des propos racistes sont prononcés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale. Pour autant, certains comportements de ses collègues n’ont pas manqué de l’interpeler.
Lorsque je vais à la buvette de l’Assemblée nationale, je vois bien comment on me regarde. Souvent je suis assis seul à une table. Il y a de la place mais mes collègues ne viennent pas se mettre à côté de moi. Certains montrent une hostilité envers les parlementaires antillais. Ils considèrent que nous sommes inférieurs, sans jamais le dire verbalement. A cela s’ajoutent les injures de l’extérieur. Un député d’origine rwandaise a reçu une lettre anonyme lui disant que c’était dommage qu’il ait échappé à la machette des Hutus. J’en ai parlé lors de la séance des questions au gouvernement mais il n’y a pas eu de grande solidarité de la part des autres députés pour ce collègue.
Député Jean-Philippe Nilor