L'allongement du délai de recours à l'Interruption Volontaire de Grossesse (l’IVG) passe désormais de 12 à 14 semaines. L’Assemblée nationale a définitivement approuvé la proposition de loi qui était portée depuis août 2020 par plusieurs députés et des associations féministes.
"Améliorer l’information des femmes et élargir l’offre"
Cette adoption fait suite à un rapport de 2020 réalisé au nom de la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale, lequel recommandait de "traiter l'avortement comme un droit effectif".
Un des obstacles principaux rencontré par les femmes est la difficulté à trouver un praticien proche de son domicile pour pratiquer l’IVG demandée dans des délais rapides. Les femmes ignorent la plupart du temps à qui s’adresser et perdent parfois un temps important en début de grossesse, avant de trouver le professionnel de santé ou la structure qui les prendra en charge. Par ailleurs les déserts médicaux et le nombre insuffisant de praticiens de santé pratiquant des IVG se traduisent par des délais de prise en charge et d’attente pour les rendez-vous, notamment en milieu hospitalier qui les conduisent dangereusement vers la limite du délai légal. Il est donc nécessaire d’améliorer l’information des femmes et d’élargir l’offre, aussi bien en médecine de ville qu’en milieu hospitalier.
Extrait du rapport N°3343 de l’Assemblée nationale - 16 septembre 2020
Jusqu'à "24 semaines" en Colombie
L’association Culture Egalité est mobilisée depuis plusieurs années sur le sujet. Pour elle, l’adoption de ce projet de loi est une "demi-victoire". Les féministes martiniquaises font notamment référence à la Colombie, où la Cour constitutionnelle autorise les femmes en situation à recourir à l’avortement pour n’importe quel motif, jusqu’au 6e mois de gestation.
Cette loi ne nous satisfait pas entièrement dans la mesure où, la clause de conscience ne disparaît pas. C’est à dire que n'importe quel médecin est à même de dire je ne pratique pas l’IVG, et j'ai parce que je ne suis pas d'accord, mon étique religieuse où je ne suis pas d'accord pour le faire. Imaginez-que dans une clinique, plusieurs médecins disent la même chose, on suppose la panique pour une femme qui se retrouve dans ce cas-là, surtout s'il n'y a pas beaucoup de lieu de prise en charge autour de chez elle. Donc pour nous, c'est une demi-victoire (…). Cependant, on se réjouit du fait que les sages femmes puissent pratiquer cet IVG, mais, on est quand même loin de la loi qui vient d'être votée en Colombie, en faveur d’un avortement jusqu'à 24 semaines (…). Et que cette victoire soit aussi celle des pays de la Caraïbe où l’IVG est encore fortement pénalisée. Donc la lutte doit continuer pour que toutes les femmes puissent disposer de leur corp comme elle l’entendent dans le monde entier.
Georges Arnaud - porte-parole de Culture Egalité
La loi Veil visant à encadrer une dépénalisation de l'avortement date du 17 janvier 1975 en France, où l'on estime qu'une femme sur 3 a recours à l'IVG au moins une fois dans sa vie.
La liste des centres de planification ou d’éducation familiale de Martinique est disponible en cliquant ICI.
L’information sur l’IVG est aussi disponible au numéro vert suivant : 0800 08 11 11