En août 2021, un séisme de 7,2 sur l’échelle Richter tue près de 1500 personnes et cause des dégâts considérables sur la péninsule sud d’Haïti.
Une photo prise par Joseph Odelyn dans la ville Les Cayes où les habitants attendent de l’aide alimentaire, est désignée comme l’une des meilleures des 100 photos de l’année par la publication américaine, Time magazine.
Seulement 1 mois après l’assassinat du président Jovenel Moïse, le 7 juillet. Joseph Odelyn est également sur place pour photographier la maison du président assassiné.
C'était la première fois que je vivais l'assassinat d'un président en exercice. Ce moment difficile a éclairé mon parcours. J'ai été le premier photojournaliste à publier sur l'assassinat au niveau international.
Joseph Odelyn, photojournaliste
Quelques semaines plus tôt, Joseph Odelyn pend une photographie du Président d'Haïti et de sa femme Martine Moïse.
En décembre 2022, la publication française VSD décerne le titre de photographe du mois à Joseph Odelyn.
Dans un court entretien, il déclare qu‘il est "de plus en plus difficile de travailler en Haïti. On manque de ressources financières, de formation et de la liberté".
"Le pire est à venir"
Depuis, ses images témoignent de la spirale de la violence, du désespoir, de la colère et le chaos qui règnent dans la capitale d’Haïti.
C’est souvent compliqué de montrer le quotidien de la population qui n’a pas accès à la nourriture et à l’eau, où les enfants sont privés d'école surtout dans des zones rouges comme Cité soleil et Bel Air.
Ces quartiers sont inaccessibles à cause de l’activité des gangs. Partout les conditions de travail sont dégradées.
Nous devons sortir par groupes de 12 à 20 journalistes et ne pas rester longtemps au même endroit. Nous sommes pris pour cible par les gangs, la police et les manifestants lors des grandes protestations. Toutes les conditions sont réunies pour mourir.
Joseph Odelyn
Inutile d’embaucher les gardes du corps car ils attirent trop l’attention.
Le groupe Bwa Kalé, composé d'habitants qui se sont constitués en milices pour "éliminer" les personnes qui collaborent avec les gangs, est une autre source de danger pour les photojournalistes.
En avril 2023, ils ont incendié environ 24 membres présumés de gangs. C'est le moment le plus difficile de ma carrière. Ces images me reviennent à l'esprit à chaque fois.
Joseph Odelyn
Pendant plusieurs jours il craint de quitter sa maison.
Beaucoup de journalistes sont morts en Haïti. Certains enlevés. D’autres fuient le pays.
Parfois en travaillant, ma famille m'appelle pour me dire que les gangs ont pris d'assaut notre quartier, j'ai dû sortir plusieurs fois de chez moi pour protéger ma femme et ma petite fille de 2 ans. Parfois après le travail je n'arrive pas à fermer les yeux.
Joseph Odelyn
Il reste en Haïti parce qu’il est convaincu que son travail peut contribuer au changement.
Sans ses images "personne ne sait ce qui se passe réellement en Haïti."
Joseph Odelyn, âgé de 32 ans, est un ancien élève du Lycée national Jean-Jacques Dessalines.
Il étudie la photographie à CEPEC, Centre d’études photographiques et cinéma à Port-au-Prince.