Bon an, mal an, l’académie de Martinique compte 3 000 collégiens et lycées sur 33 000 qui suivent une option de langue créole. Depuis 2008, ces cours sont dispensés par environ 600 professeurs habilités par le rectorat à l’issue d’une formation spécifique, ou par des titulaires du CAPES. L’élève doit obtenir l’accord de ses parents pour s’inscrire à cette discipline.
Il se trouve que la Collectivité Territoriale de Martinique veut aller plus loin en supprimant le caractère optionnel de l’apprentissage du créole et en créole. Elle veut passer d’une politique favorable à la langue créole à une authentique "politique linguistique martiniquaise". Le président du conseil exécutif, Serge Letchimy, ne cesse de la marteler sur tous les tons.
Le créole langue co-officielle de Martinique
Pour rappel, l’assemblée de la CTM a instauré la langue créole comme co-officielle aux côtés de la langue française. Une décision politique et symbolique attaquée par le préfet, comme prévu, en attendant la décision du tribunal administratif.
Si, selon l’Insee, les trois-quarts de la population utilise la langue vernaculaire tous les jours à la maison, au travail ou entre amis, cette pratique ne met pas la langue à l’abri des menaces pesant sur sa structure, son vocabulaire et son génie, selon les linguistes de l’Université des Antilles. À l’instar de Raphaël Confiant, ils militent pour un apprentissage obligatoire de deux heures par semaine de la maternelle à la classe de 3e. Nous n’y sommes pas encore, loin s’en faut. Toutefois, la réflexion est bien engagée pour trouver le meilleur compromis sur ce sujet hautement sensible.