Paris hausse le ton face à Bakou. Le week-end dernier déjà, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, ainsi que celui des Outre-mer, Manuel Valls, ont vivement critiqué les "opérations d'ingérence et de déstabilisation" orchestrées par le pouvoir azerbaïdjanais dans les territoires ultramarins.
Mercredi 29 janvier, Jean-Noël Barrot a de nouveau fustigé "les agissements coupables et intolérables" du Baku Initiative Group lors des questions au gouvernement du Sénat. Cet organisme azéri, lié aux autorités de l'Azerbaïdjan selon le Quai d'Orsay, se présente en vecteur et défenseur des mouvements anticolonialistes et indépendantistes français présents en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, en Polynésie française ou encore en Nouvelle-Calédonie.
Le sénateur calédonien Georges Naturel (Les Républicains), membre du camp non-indépendantiste, s'est agacé de l'influence de plus en plus pressante de ce groupe. "Samedi dernier, en Nouvelle-Calédonie, un émissaire officiel de Bakou est intervenu par visioconférence au congrès indépendantiste du FLNKS pour participer à la création du Front international de décolonisation des Outre-mer français et les encourager et s'insurger contre la France", a-t-il condamné dans l'enceinte du Sénat.
Des Azéris interdits d'aller en Nouvelle-Calédonie
"Ce groupe a démontré sa volonté manifeste de tenter de s'ingérer dans nos débats publics et de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation", a reconnu le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères. "Nous ne nous laisserons pas faire", a-t-il promis.
Jean-Noël Barrot a rappelé que l'État n'a pas été passif face à ces manœuvres d'une puissance étrangère. Le 19 novembre, en marge de la COP29 qui se déroulait à Bakou, le ministre a convoqué l'ambassadrice d'Azerbaïdjan à Paris pour lui notifier le mécontentement de la France.
Il a par ailleurs annoncé que le pays a pris des mesures pour empêcher les représentants du Baku Initiative Group de se rendre physiquement en Nouvelle-Calédonie. "Si l'intervention à laquelle vous avez fait allusion est intervenue en visioconférence, c'est précisément parce que nous avons empêché par des sanctions les autorités azéries de participer à ce forum", a-t-il indiqué au sénateur Georges Naturel.
"C’est inacceptable de participer à des opérations qui visent à affaiblir la France et la République", a de son côté dénoncé le ministre des Outre-mer Manuel Valls mardi 28 janvier lors de ses vœux.
"L'Azerbaïdjan est libre"
"Nous appelons l'Azerbaïdjan, qui se déshonore, qui se déconsidère, qui se sanctionne tout seul à soutenir de telles manœuvres, à les faire cesser et à résoudre quel que soit le différend qu'il entretient avec la France par la diplomatie plutôt que par les ingérences", a déclaré Jean-Noël Barrot face aux parlementaires.
Les représentants des mouvements indépendantistes ultramarins, regroupés au sein du Front international de décolonisation des Outre-mer, démentent toute manipulation de la part de Bakou. "La France peut dire ce qu'elle veut mais l'Azerbaïdjan est libre", a répondu le leader indépendantiste polynésien Oscar Temaru.
Jean-Noël Barrot a lancé un appel solennel aux populations des Antilles, de la Guyane, de la Polynésie ou encore de la Nouvelle-Calédonie "à ne pas tomber dans le piège qui est ainsi dressé" par l'Azerbaïdjan.