Azerbaïdjan : Tematai Legayic s'oppose à l'alliance avec Bakou

Tematai Legayic, élu de l'Assemblée de Polynésie
Suite du feuilleton sur l'Azerbaïdjan. Lundi, le leader du Tavini Huiraatira Oscar Temaru a exprimé son souhait de poursuivre l'alliance avec le Groupe d'initiative de Bakou et le Front international de décolonisation dans le chemin qui mène vers l'indépendance. Mais ce mardi, Tematai Legayic s'est opposé, dans une tribune, aux relations avec l'Azerbaïdjan, les qualifiant de "contre-nature".

"Soyons lucides. On ne peut réclamer l'émancipation en s'alignant aux côtés d'une dictature." Dans une tribune relayée sur les réseaux sociaux ce mardi, Tematai Legayic s'oppose à l'alliance de son parti avec l'Azerbaïdjan. L'élu Tavini se désolidarise d'Oscar Temaru, qui réaffirmait la veille vouloir continuer à travailler aux côtés de l'Azerbaïdjan pour atteindre ses objectifs d'indépendance. 

Si Moetai Brotherson, président du pays mais aussi membre du Tavini, a préféré rester vague sur son positionnement, la tribune de Tematai Legayic reflète les dissonances de voix entre "certains cadres" du Tavini et les "partisans progressistes" du parti bleu ciel. De jeunes "progressistes" plus mesurés comme Tematai qui étaient par ailleurs à l'origine du retour au pouvoir du Tavini en 2023, selon les diverses analyses politiques. 

"S'allier à ce régime, c'est trahir ses propres idéaux"

"Le concert des nations autour d'idées progressistes oui ; les alliances contre-nature, non" écrit-il. Tematai Legayic, même s'il défend le combat pour la décolonisation de la Polynésie, ne conçoit pas de coopérer avec un "régime autoritaire" et une "dictature ultranationaliste où les opposants politiques sont emprisonnés, les médias censurés et les manifestations interdites. Ce régime méprise les droits des peuples autochtones et persécute les minorités ethniques et religieuses comme il l'a prouvé en menant une campagne de répression ethnique contre les Arméniens du Haut-Karabagh. En se posant en champion de l'anticolonialisme, Bakou ne fait que recycler un discours qu'il ne s'applique jamais à lui-même", décrit-il.

L'Azerbaïdjan ne défend en rien les valeurs progressistes et décoloniales. Il les exploite. S'allier à ce régime, c'est trahir ses propres idéaux.

Tematai Legayic, élu Tavini à l'Assemblée de Polynésie

Pour rappel, les organisations anticolonialistes d'Outre mer, notamment le Tavini, étaient réunies les 23 et 24 janvier à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie. Elles ont acté lors d'un congrès constitutif, la création du Front international de décolonisation, sous l'égide du Groupe d'initiative de Bakou, promu par l'Azerbaïdjan et très impliqué dans le soutien aux mouvements indépendantistes français. Le directeur exécutif du Groupe d'Initiative de Bakou, Abbas Abbasov, s'est félicité de la création officielle de ce Front.

Pour Tematai Legayic, "cette posture n'est qu'un écran de fumée destinée à masquer son propre impérialisme et ses ambitions expansionnistes". Son point de vue va dans le sens des autonomistes mais aussi du ministre des Outre-mer Manuel Valls, qui accuse l'Azerbaïdjan "d'ingérence" dans les territoires ultramarins.