L’enfant du Prêcheur David Martial, traverse les années avec "Célimène", sa chanson culte

David Martial, cadet d'une fratrie de neuf enfants, est né au Prêcheur en Martinique le 26 juin 1935 d'un père cultivateur et d'une mère commerçante. Ce préchotin est toujours bon pied, bon œil.

Très jeune, il commence à se produire au théâtre municipal de Fort-de France improvisant des sketches. En 1948, un autre habitant de la commune Loulou Boislaville l’accueille au sein du groupe folklorique martiniquais et lui offre l’opportunité de danser.

ami Roro, fem Matinik dou ©aux ondes Célini

Son potentiel artistique éclate, il est sollicité par Maurice Jallier qui crée en 1950, le groupe Créolita. Cette collaboration débouche sur une participation aux concours de la chanson créole et l’obtention de deux prix importants : "Ce filon" en 1951 et "À la Zazou" en 1952.  

Rencontre avec le chef d’orchestre Eugène Delouche

À 18 ans, celui qui se destinait au métier de tailleur, s’envole pour Paris en 1953. Il est repéré par le chef d’orchestre Eugène Delouche qui l’intègre en tant que chanteur dans sa formation Del’s Jazz Biguine.

Le garçon possède du charisme et un bon jeu scénique.

Sa présence à Paris l’oblige à faire la tournée des dancings et cabarets parisiens, avec sous le bras un répertoire de chansons.

L'adaptation se révèle dure, il travaille de jour comme de nuit et participe à de nombreux radiocrochets. Il décroche le graal à "l’Arizona" à Paris et à bon espoir de percer à l’international.

Elise enregistré avec le producteur Célini ©Davis Martial

Rencontre avec "l’ambassadeur" des Antilles, Gérard Laviny

Cette collaboration est bénéfique. David comprend qu’il faut conquérir deux publics, d’où la nécessité de chanter simultanément en français et en créole. Pour faire valoir ses rêves, le chanteur fait le petit conservatoire de Mireille.

1963, sa victoire au concours de Radio Luxembourg avec le titre "Paris vaut bien les Antilles" le propulse. Il enregistre son premier microsillon. Il est appelé l’année suivante en vedette américaine de Gilbert Bécaud pour une tournée en Belgique.

David Martial plus de 120 compositions ©David Martial Bambou Combo

Retour au pays natal

Malgré sa popularité dans les lieux de diffusion, il n’a pas l'adhésion des maisons de disques. Fatigué d’attendre, il décide de revenir en 1966 au pays et enregistre un 45 tours avec "Jojo" Georges Debs (frère du producteur guadeloupéen Henri Debs). Le titre, "Adrienne" composition de David Martial et de Gérard Laviny.

L’année suivante, David enregistre avec Henri Debs et réalise plusieurs disques traditionnels avec l'autre producteur guadeloupéen Raymond Célini dont "Lucie", "Élise", "la meringue", "Ti fi a". Il remporte en 1971 le prix de la chanson créole avec le titre "pays à Kalinda".

"Célimène" dépose David Martial sur le toit du monde

Repéré par le producteur Denis Bourgeois (directeur des éditions bagatelle), l'auteur de la chanson "Célimène" connaît un grand succès grâce au chanteur Antoine sur France Inter qui l’adopte comme indicatif.

"Célimène" devient un succès international, enflammant la planète, en Afrique, Brésil, Suisse, Belgique, Hollande, Italie, Canada, Océan Indien, Haïti, Nouvelle Calédonie, Tahiti, Comores, Réunion...

Célimène chanté à l'âge de 75 ans ©Dans l'émission de Sébastien

Comme l'indique la chanson, "Cette folie-là c'est la vie. Puisque Je l’aime à la folie / Et qu’elle est belle comme la vie". La valse de concert se déclenche ainsi que la consécration à l’Olympia. Ce succès se poursuit de nos jours.

L’an dernier David Martial (88 ans), a participé à la tournée des idoles 2023 dans une forme étincelante.

Le chanteur martiniquais a non seulement ouvert la voie à d’autres artistes antillais, il a aussi valorisé la Martinique.

Malgré sa carrière, il reste dans l’ombre. Pas une rue, pas un établissement ne porte en 2024 son nom....pour l'instant.