L’équation personnelle est-elle préférable à la logique du projet politique ?

En haut, Yan Monplaisir, Serge Letchimy. En bas, Claude Lise, Alfred Marie-Jeanne, Marcellin Nadeau et Jean-Philippe Nilor.
Les élections territoriales seront probablement repoussées de mars à juin 2021. Nos trente formations politiques s’y préparent. Mettront-elles en avant la personnalité de leurs dirigeants ou vont-elles proposer des projets cohérents ?
Comme le dit la Constitution dans son article 4 : "Les partis et groupements politiques concourent à l'expression du suffrage". Comprendre que leur activité est non seulement permise, mais vivement recommandée, dans le système institutionnel français. C’est la raison pour laquelle les élections sont animées par des groupements de militants rassemblés autour d’un programme visant à conquérir le pouvoir et à le garder, et non par des individus isolés.

Dans cette logique, tous les mouvements politiques sont appelés à participer aux prochaines élections territoriales, qu’ils soient représentés à la CTM ou pas. La trentaine de formations que compte la Martinique ne disposent toutes pas de la même implantation, ni du même réseau de militants pour diffuser leurs idées. Mais toutes ont le droit et même le devoir de participer aux rendez-vous électoraux.

Si notre paysage politique est fort d’autant de nuances, il n’est pas avéré qu’il existe autant de visions de la société ou de conceptions du monde. L’éventail des idéaux n’est pas aussi étendu que ne le donne à supposer la diversité de notre paysage politique fragmenté. De plus, notre vie politique est organisée autour de personnalités fortes qui sollicitent une adhésion forte des citoyens à leur style et à leur personne autant qu’à leur discours.


Une personnification politique outrancière


Ce phénomène n’est pas nouveau. Nos aïeux étaient bissetistes et schoelcheristes, du nom de Cyrille Bissette et de Victor Schoelcher, avant d’être abolitionnistes. Quelques décennies plus tard, leurs enfants ont été hurardistes ou deprogistes, du nom de Marius Hurard et d’Ernest Deproge, avant d’être partisans de l’assimilation.

Du temps où Aimé Césaire galvanisait les foules, l’on se déclarait volontiers césairiste, avant d’être autonomiste. Aujourd’hui, nous avons des mariejeannistes qui ne sont pas forcément indépendantistes. S’identifier à un homme ou à une femme, ici comme ailleurs, contribue à l’appauvrissement du débat d’idées.

Qu’en sera-t-il pour les prochaines élections territoriales ? Aurons-nous à choisir entre des listes politiquement orientées ou entre des équipes alignés derrière un leader ? Notre histoire nous apprend que suivre un chef charismatique n’est pas forcément un gage d’efficacité. Nous savons aussi que l’alignement de concepts et de projets bien construits ne suffit pas à mobiliser les électeurs. La réflexion est ouverte.