L’Etat doit prendre toute sa part dans le développement de la Martinique

Jean-Christophe Bouvier, le préfet de la Martinique (au centre) et François-Noël Buffet, le ministre des Outre-mer (à droite) lors du point d'étape sur la mise en place du protocole vie chère.
L’une des leçons de la crise de société que nous vivons, est qu’il est nécessaire pour l’Etat de participer activement, avec les acteurs locaux, à la définition d’un nouveau schéma de développement. C’est l’un des messages délivrés par le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet qui termine sa visite de quatre journées ce jeudi soir 14 novembre 2024.

L’État ne peut pas tout, mais le peu qu’il peut, il ne le fait pas, ou si peu ! C’est en résumé, le constat dressé quant à la relative inaction des gouvernements qui se succèdent depuis deux décennies. Ils se montrent incapables de lutter efficacement contre le coût de la vie dans les territoires périphériques.

Pourtant, ce n’est pas faute pour ces gouvernements d’avoir été alertés. L’Autorité de la concurrence, le Conseil économique, social et environnemental, la Cour des comptes, le Sénat et l’Assemblée nationale ont publié une quantité de rapports et d’études démontrant les mécanismes de la cherté de la vie outre-mer. Tous ces documents comportent des recommandations et des propositions précises.

Des lois protectrices restent inappliquées

Mieux, des lois existent, qui peuvent modifier la donne. Par exemple, celle votée à l’initiative de l’ex-ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, en mars 2012 sur la fin des monopoles et des oligopoles. Son objectif était de lutter contre les abus de position dominante de certains grossistes et distributeurs en leur interdisant l’exclusivité d'importation. Il n’est plus possible pour un importateur d’avoir seul le droit d’acheter un produit. Cette disposition est contournée par quelques grossistes, en toute impunité.

Le RPPRAC rappelle son mot d'ordre lors de son défilé du vendredi 25 octobre 2024 entre Fort-de-France et le Lamentin.

Il existe aussi la loi sur l’égalité réelle Outre-mer de février 2017, le dernier texte adopté durant la présidence du socialiste François Hollande. Il comporte une série cohérente de mesures pour diversifier les économies de nos territoires. Pour l’essentiel, elle est restée lettre morte, en dépit de sa vision modernisatrice. Ou plutôt, précisément en raison de sa vision modernisatrice.

Un lent travail de concertation à tous les échelons

L’État ne peut pas tout, mais il joue un rôle essentiel dans la construction du modèle économique, à l’échelle de la France entière, ou à l’échelle plus réduite d’un territoire. Depuis les origines, c’est l’Etat qui a impulsé, décidé, orienté ou validé le cadre dans lequel la Martinique vit. Il lui appartient aujourd’hui encore de fixer les grandes orientations. Seulement, aussi volontariste que soit tel ou tel gouvernement, il est obligé de travailler de concert avec l’élite politique et l’élite économique du territoire.

Il appartient à nos forces politiques, à nos élus, à nos dirigeants des milieux socioprofessionnels de se montrer ambitieux pour relancer la Martinique, percluse d’archaïsmes. Le ministre des Outre-mer a envoyé des signaux montrant qu’il est disposé à prendre le chemin de la concertation avec les acteurs locaux. Il estime qu’il est temps de passer à une autre étape de notre développement. La balle est désormais dans notre camp.