"L’éthéphon dans les bananes jaunes...une offensive massive de diversion" selon le Conseil National des Comités Populaires

Bananes jaunes sur le marché de Fort-de-France.
Dans une tribune publiée en date du 2 septembre 2022, le CNCP (Conseil National des Comités Populaires), estime que l'annonce du traitement des bananes jaunes par le produit "éthephon’ en Martinique n’est qu’une stratégie pour faire oublier l’empoisonnement des terres par le chlordécone.

Dans sa déclaration, le CNCP affirme que l’"éthephon" le produit chimique qui accélère le murissement des produits agricoles, autorisé en Europe depuis le 1er Aout 2007, est largement utilisé à travers le monde, sur un nombre excessivement important de cultures.

Le CNCP soutient qu'il s'agit d'une collaboration entre l’Etat et des grands intérêts financiers de la Martinique pour faire oublier la contamination des terres et des populations par le chlordécone. produit chimique dangereux avait été autorisé en Martinique malgré une interdiction internationale.

Selon le CNCP, cette stratégie de diversion vise également les cultivateurs d'origine haïtienne qui travaillent dans le milieu agricole en Martinique. Pour les dirigeants du CNCP, l'objectif est de faire des Haïtiens des boucs  émissaires et donc de détourner contre eux la colère populaire.

Rentrée politique du CNCP en 2017

Retrouvez la déclaration du CNCP (Conseil National des Comités Populaires) du 2 septembre 2022

 

Se rendant compte qu’ils ont une difficulté de plus en plus grande à étouffer le scandale de l’empoisonnement de notre peuple par les pesticides, les agents de la domination coloniale mènent une offensive massive de diversion en fabriquant le « scandale de l’éthéphon ».

Tout comme  le pouvoir colonial et les profiteurs du système l’ont fait lors de la pandémie de Covid19 pour imposer la politique qu’ils menaient au service des multinationales pharmaceutiques, ils manipulent l’information afin de développer des comportements irrationnels et  nuisibles  à l’intérêt de la population.

Le premier objectif de cette nouvelle provocation est  de faire oublier la responsabilité des grands planteurs de banane dans l’empoisonnement conscient de notre peuple et de notre environnement par les pesticides ;

On aura remarqué la diligence avec laquelle, préfet et procureur, écornant la séparation des pouvoirs,  sont montés au créneau pour annoncer enquêtes et sanctions ! Pendant ce temps, les annonces de non-lieux  planent ; les crimes vieux de 40 ans restent impunis et sans réparations. Ce n’est certainement pas un hasard si des représentants d’empoisonneurs sont  les premiers  à avoir, cyniquement, publié un communiqué  pour « condamner fermement ces pratiques illégales » révélées concernant l’utilisation de l’éthéphon.

Le deuxième objectif de l’offensive est de détourner la population de la consommation des produits locaux et de saboter les efforts menés pour avancer vers l’autosuffisance alimentaire.

La banane jaune est une base importante de notre alimentation. La pointer du doigt relève manifestement de la manipulation. Si l’intention n’était pas malsaine, on aurait porté à la connaissance du public, dès le départ, que l’éthéphon, le produit incriminé, est autorisé en Europe depuis le 1er Aout 2007, largement utilisé à travers le monde, sur un nombre excessivement important de cultures. IL s’agit d’un éthylène de synthèse utilisé pour accélérer la croissance et la coloration de beaucoup de fruits et légumes. Dans la propagande, on a insisté sur son utilisation pour l’ananas,   renforçant ainsi les inquiétudes quant à la production martiniquaise, sans indiquer qu’il est utilisé pour  les cerises,  les pommes, les pêches, les raisins,   les tomates, le blé, l’orge, le seigle, le tournesol,  le maïs doux. Les consommateurs vont-ils boycotter tous ces produits importés comme certains le font pour la banane jaune ?

Va-t-on désormais interdire l’usage des fongicides et du chlore  dans les bacs de lavage des hangars de bananeraies ? On sait que ces produits  ont des effets désastreux sur la santé des travailleurs. Va-t-on mettre fin à l’utilisation de  l’éthylène qui a cours dans toutes les mûrisseries de bananes en France avant mise sur le marché ?

Le troisième objectif de la provocation est de faire de nos frères Haïtiens des boucs  émissaires et donc de détourner contre eux la colère populaire.

Ce n’est pas non plus un hasard si un ancien représentant du Front National a été le premier à monter au créneau pour  les accuser d’être responsables du « scandale de l’éthéphon » !  S’il est vrai que des planteurs Haïtiens font usage de ces produits et d’engrais nocifs à une agriculture responsable, ils sont loin d’être les seuls ! Nous ne saurions accepter que la communauté haïtienne dans son ensemble soit stigmatisée sous un  prétexte fallacieux.

Après la campagne honteuse menée par les empoisonneurs qui prétendaient que leur banane était « la plus vertueuse du monde », après la présentation d’un sondage truqué qui annonçait que la population martiniquaise  les soutenait en grande majorité, après la campagne mensongère  et méprisable claironnant que leur secteur allait créer des centaines d’emplois qualifiés, cette nouvelle offensive  massive de désinformation vient prouver les intentions malfaisantes du pouvoir colonial et des empoisonneurs qu’il protège.

Nous devons absolument éviter de tomber dans le piège qui nous est tendu !

 

Le CNCP invite tous les Martiniquais et toutes les Martiniquaise à faire échec à la manœuvre !

Privilégions la consommation des produits locaux et détournons-nous des produits importés, loin d’être plus sains que les nôtres et qui accentuent notre dépendance alimentaire.

Combattons résolument toute forme de xénophobie à l’égard de nos frères et sœurs de la Caraïbe. L’intégration dans notre environnement naturel et une fraternelle solidarité entre les peuples caribéens sont des conditions indispensables à la construction d’un meilleur avenir pour notre pays.

Menons la lutte pour la pratique d’une agriculture saine, débarrassée de tout produit chimique dangereux pour la santé et l’environnement. C’est l’agriculture productiviste promue par des gouvernements au service de multinationales pourvoyeuses de produits chimiques, que nous devons combattre. Ce sont les normes et les autorisations de complaisance de l’Union Européenne que nous devons dénoncer. 

C’est, surtout, l’impulsion d’activités alternatives et  coopératives dans le secteur de l’agriculture qui nous donneront les moyens d’atteindre nos objectifs d’émancipation et de bien-être...

Pour le CNCP

Le Président Jean ABAUL