Fin juillet, début août 1984, l’OMDAC "l'Organisation Martiniquaise pour le Développement des Arts et de la Culture" est née à l’initiative d’Yves-Marie Séraline. Cet ingénieur culturel au parcours riche en activités et innovations, a une longue expérience acquise à Bordeaux, avant de se mettre au service de la culture de son pays natal et autres missions d'intérêt général.
À Bordeaux, j’ai commencé l’animation au Foyer des Antillo-Guyanais, en créant un groupe musical avec 15 participants, comprenant des martiniquais, guadeloupéens, guyanais et bordelais, renforcé par un chanteur africain et un autre d'origine basque. Diplômé de l’école de journalisme, je décide de lancer ma première publication culturelle à Bordeaux Poche. J’ai continué des actions d’animation dans les quartiers et maisons dédiés à culture de la région et j'ai participé à la création d’associations pour l’animation du campus de Talence, grâce à un poste mis en place par le Crous à mon intention.
Yves-Marie Séraline - président de l'OMDAC
Retour au pays avec le Théâtre Ouest Parisien
Avec ces pratiques associées à ses compétences en journalisme ayant travaillé à l’ORTF de l'époque, ainsi qu'à la Charente Libre, Yves-Marie Séraline a aussi été intervenant en formation audiovisuelle. Ce parcours lui vaut son intégration à l’équipe du Théâtre de l’Ouest Parisien engagée par la municipalité de Fort-de-France pour la préparation et la réalisation du festival culturel de 1974. Il y anime un atelier audiovisuel et intervient sur les spectacles comme Coriolan.
Son dossier est présenté au maire Aimé Césaire par le secrétaire de mairie de l'époque (Auguste Acélor). Une mission lui est alors confiée par la ville foyalaise. La même année, on assiste au début de l’action culturelle permanente engagée par la municipalité comportant plusieurs ateliers, doublée d’une programmation dans les quartiers, avec les meilleurs artistes locaux.
"Archipel", cinéma d’art et d’essai... "Mizik", revue culturelle...
Puis, Yves-Marie Séraline déroule son projet de contribution à la vie culturelle martiniquaise. Cela se concrétise par le lancement de la revue culturelle "Mizik" et la création d’un cinéma d’art et d’essai baptisé "Archipel", au quartier Sainte-Catherine, mais aussi du café-théâtre et scène de jazz, "Club 78". Mais ces initiatives n'auront pas bénéficié "d'aides publiques" regrette l'acteur culturel.
Cette période propice à la mise en route d’une politique d’insertion a permis la prise en compte de jeunes motivés par les arts urbains du mouvement Hip-Hop. Cette action s'est matérialisée par des regroupements, concours, réalisation de fresques, battle et a abouti en fin juillet 1984 de "Break Opéra", une comédie musicale créée spécialement pour permettre à ces jeunes de se retrouver dans un cadre productif.
Un travail méthodique pour la jeunesse
Les 40 ans coulés ont permis la reconnaissance locale de cette association et son rayonnement dans la Caraibe, à travers la promotion de traditions culturelles telles que le carnaval, l'artisanat ou le "chouval bwa".
En dehors de Fort-de-France, l’OMDAC collabore aussi avec d'autres villes (le Lamentin, Saint-Pierre, Sainte-Anne, le Gros-Morne, le François, les Trois-Îlets et Sainte-Luce). Les dernières manifestations à son actif sont "le quiz carnaval" et "le festival des arts numériques".
Il s'agit pour le quizz de pousser le martiniquais à profiter du carnaval, tout en s’instruisant. Nos actions de formations et d’éducation comme par exemple le festival numérique, ont pour objectif de favoriser les échanges entre les acteurs de la création et le grand public. Nous travaillons beaucoup en direction du jeune public, en quête d’informations sur les filières d'avenir et sur l’impact des nouvelles technologies sur la société.
Yves-Marie Séraline
Une ouverture sur la Caraibe et l’Afrique
L’OMDAC entend aussi garder le lien avec la Caraïbe et l’Afrique, à l’image des interactions avec la Dominique et les Kalinagos, Sainte-Lucie, Haïti, ainsi que plusieurs contributions à des projets nés en Afrique.La quinzaine de la Jeunesse caribéenne, "Kreyolfiesta", est un exemple.
La structure compte aussi des participants d'Haïti, de la République de Saint-Domingue, du Burkina Fasso, de Guadeloupe et des États-Unis. Il n'est donc pas étonnant de voir l’OMDAC comme chef de file des délégations martiniquaises aux Carifesta, au festival culturel de la CARICOM, ou au "Festival Mondial des Arts Nègres" au Sénégal. Des actions au Mali ou au Bénin sont parfois organisées.
L’ambition de contribuer au développement du secteur culturel n’aurait pas été possible sans la dimension de l’insertion des jeunes et celle de la formation, avec les tous premiers stages en Martinique, dès 1985, d’animation culturelle, de techniques audiovisuelles et multimédia, avant d’aborder aujourd'hui le numérique. Par ailleurs, la découverte et la promotion de pépites mises en œuvre par notre association, a révélé des talents dans tous les domaines, y compris celui de l’organisation en milieu associatif et dans l’évènementiel. Nombreux sont celles et ceux qui, issus des rangs de l’OMDAC, ont monté des actions dignes d’intérêt sur le territoire ou ailleurs. Cette valorisation a été régulièrement liée à l’implication des artistes dans la production de publications et de supports utiles à la prévention, ainsi que la réalisation de supports ludo-éducatifs pour la santé, la prévention ou les pratiques patrimoniales.
Y. M Séraline
L'infatigable Yves-Marie Séraline qui fêtera ses 77 ans en décembre 2024, a bien l'intention de poursuivre sa contribution et de mettre encore à disposition, son expertise à l’ingénierie culturelle "pour une bonne transmission des savoirs".