Le Collectif des Ouvriers Agricoles Contaminés (COAC) use de stratégie pour se faire entendre. Selon ses représentants, la contamination au Chlorédecone continue dans les exploitations où l'on emballe la banane. Elle ne se fait pas par la diffusion du pesticide sur le fruit, mais par l'eau qui sert à le laver avant de l'emballer. "Cette eau venant des rivières contaminées par la molécule expose les hommes et les fruits"...
De fortes suspicions de contamination
Le collectif affirme avoir en sa possession des analyses qui prouvent leur dire sans pour cela les montrer. Il maintient également que des agriculteurs en charge du lavage de la banane présentent des taux élevés de chlordécone dans leur sang.
Le collectif se réserve la diffusion d'éléments appuyant les affirmations des représentants des ouvriers. En revanche, ils réclament que l'Agence Régionale de Santé effectue des analyses et intervienne sur le traitement de l'eau utilisée dans les exploitations de bananes. "Les ouvriers des exploitations devraient exercer leur droit de retrait", estiment nos interlocuteurs.
L'eau qui est utilisée est assainie aux normes de l'Hexagone, pas à celles de Martinique, on ne tient pas compte de la présence de Chlordécone. L'État ne fait pas le travail qu’il faut.
Yvon SerenusInterrogé par Delphine BEZ
Les exploitants agricoles jouent la transparence
C'est le président du groupement des producteurs de Banane (Banamart), Alexis Gouyé, qui nous ouvre les portes de son exploitation à Sainte-Marie. Une commune du Nord Atlantique particulièrement touchée par la diffusion du pesticide.
Le patron de Banamart affirme que le traitement de l'eau est effectué. Il y a bien une captation de la rivière qui est réalisée et un traitement de l’eau au chlore par la suite. Il fournit également les rapports de l'ARS et des analyses sanguines réalisées sur les employés de son exploitation. Sur 791 prélèvements 28% présente un taux supérieur de Chlordéconémie. Les analyses ne précisent pas le poste occupé par ces employés ni l'historique de leur parcours professionnel.
Ça ne me pose aucun problème de faire l'analyse des bacs des eaux par un organisme indépendant. S'il faut la mettre aux normes définies par l'État, je n'hésiterai pas.
Alexis GouyéProducteur de Bananes interrogé par Delphine Bez
La balle est dans le camp des services de l'État qui restent pour l'instant silencieux à nos sollicitations. Déjà bien impliqué sur les conséquences du scandale chlordécone, voici l'État de nouveau face à ses responsabilités.