"La Banque, Maman et Moi" ou l’histoire du Crédit Martiniquais, surnommé la banque des békés

Crédit Martiniquais à Fort-de-France, image de 1956
Le réalisateur Olivier Ozier-Lafontaine et coauteur Eddylia Eugene-Mormin ont écrit un film sur la deuxième banque de la Martinique, fondée en 1922. Après 77 ans d’existence, le Crédit Martiniquais a cessé ses activités avec des dettes de plus de 220 millions d’euros. "La Banque, Maman et Moi" est produit par Olivier Roncin.

Pour ce mois d’avril 2024, l’émission télévisée "Tout En Doc" sur Martinique La 1ere, présentée par Stéphanie Octavia, revient sur l’effondrement il y a un quart de siècle du Crédit Martiniquais, la banque dont les actionnaires étaient en majorité, membres d’une vingtaine de familles békés.

La jeune génération ne connaît pas l’existence de cette banque ancrée dans la vie économique de la Martinique. 

Pendant 77 ans, le Crédit Martiniquais est la banque de la Martinique, parfois la seule institution bancaire à desservir certaines communes de l’île. 

Au fil des années, elle prend de l'expansion en Guyane, en Guadeloupe et à Paris.

Dans les années 90, les problèmes commencent et le scandale éclate. Paris envoie des inspecteurs qui épluchent les comptes et trouvent un trou de centaines de millions d’euros. L’épargne des clients disparait. C’est la faillite.

La Bred-Banque Populaire rachète la banque. On oublie l’existence du Crédit Martiniquais.

Pour écrire son film, Olivier Ozier-Lafontaine consulte les archives de la COFIDOM, l’actionnaire principale du Crédit Martiniquais.   

Il a du mal à trouver les témoins de l’époque. C’est encore plus difficile de les convaincre de parler devant une caméra. Pour certaines personnes, c'est la première fois qu’elles s’expriment sur le sujet.

Le fil conducteur du film est la mère d’Olivier Ozier-Lafontaine, ancienne cadre au Crédit Martiniquais pendant plus de 25 ans.

Il y a quelques années, j’ai appelé ma mère et je ne sais pas pourquoi mais je lui ai demandé si elle avait gardé ses papiers de l’époque du Crédit Martiniquais. Elle m’a dit qu'elle rangeait la buanderie et qu'elle était sur le point de les jeter mais elle a changé d'avis en disant que peut-être je pourrais réaliser un film avec.

Olivier Ozier-Lafontaine, réalisateur

La journaliste, Eddylia Eugene-Mormin est coauteur du film. Elle ne connaît pas l’existence du Crédit Martiniquais. À travers ses recherches, elle découvre des informations inattendues sur la banque.

C’était un travail de recherche passionnant et on a trouvé pratiquement tous les documents nécessaires à la Bibliothèque Schœlcher qui a des registres assez complets. On a pu déconstruire une idée reçue qui était que le Crédit Martiniquais était une émanation de la Banque Coloniale. Ce qui n’est pas vrai du tout.

Eddylia Eugene-Mormin, coauteur du La Banque, Maman et Moi

L’histoire du Crédit Martiniquais et de sa faillite, même 25 ans après les faits, dérange encore des Martiniquais. 

Le film "La Banque, Maman et Moi" est diffusé ce mardi 16 avril 2024 à 20h sur Martinique La 1ere.