Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis 1988, l’année de la signature du premier album de Valérie Odina. On se souvient notamment de "Zetwal", ou de "Métamorphose". Dans la foulée, elle a interprété la chanson "Intense Emotion", avec le groupe JM Harmony. C’est d’ailleurs le leader de cette formation qui a accompagné les premiers pas de Valérie sur la scène artistique, Emmanuel Granier qui a été son premier producteur.
Un 2e opus et un trophée
L’expérience des studios étant éprouvée, 10 ans après, la chanteuse signait son 2e opus avec le producteur Ronald Rubinel, dont le titre "Une Femme" en est extrait. Le pianiste, auteur, compositeur et arrangeur a ensuite sollicité la chanteuse originaire de Fort-de-France pour prêter sa voix au concept "Jeux de Dames" dans le tube "Fanm' fô" (en trio avec Léa Galva et Danielle René-Corail).
Valérie a aussi eu l’opportunité de côtoyer Paulo Albin, un autre tôlier de la musique martiniquaise, qui lui a confié l'interprétation d'une de ses compositions écrite avec Michel Linérol sur l'album "Chiraj" intitulée "Kon sa Mwen Yé". Grâce à ce morceau, la chanteuse a reçu en 1995, le trophée SACEM de la meilleure performance féminine.
Des collaborations multiples
La première vie artistique de Valérie Odina a également été marquée par des prestations en live (musique vivante) avec entre autres, les Frères Bernard, le JM Harmony bien sûr. Des collaborations en studio avec notamment Les Malavoi et Entre-deux de Ronald Tulle, figurent aussi sur son CV musical.
"Je ne me sentais plus dans mon élément"
Et puis en 1999, quelques mois après son 2e CD, Valérie décide de quitter la scène, les projecteurs et les studios, pour s’installer dans l’hexagone.
Je ne me sentais plus dans mon élément… j’avais besoin de me retrouver et de me recentrer sur moi-même et je pense que j’aspirais vraiment à plus de sérénité, plus d’espace…et donc j’ai baissé le rideau. Dans cette quête de reconstruction, j’ai voulu vivre une vie plus normale. J’ai repris mes études, puis j’ai passé un concours administratif et aujourd’hui, je suis fonctionnaire territoriale dans une municipalité de la banlieue parisienne.
Valérie Odina
"19 ans de fonction publique au compteur"
Valérie dit avoir "une vie simple de femme qui travaille, qui a des responsabilités au sein d’une DRH (Direction des Ressources Humaines)", dans une mairie de la banlieue parisienne. "J’ai eu la chance de rencontrer des gens qui m’ont fait confiance" ajoute-t-elle encore. Mais cette nouvelle vie a aussi été jalonnée par des événements malheureux. Le 1er novembre 2017, Valérie Odina a perdu sa mère et quelques semaines plus tard, le 24 novembre, c’est son père qui décédait.
"J’ai vécu une période de dépression"
Mes parents étaient inséparables et fusionnels (…). On perd forcément ses repères lorsqu’on est confronté à une telle épreuve… J’ai été désaxée pendant un an, j’ai vécu une période de dépression et je suis passée par toutes les étapes du deuil, la colère le déni... Je suis revenue en vacances en juillet 2021, ce qui m’a aidé à boucler ce double deuil, même si les souvenirs restent douloureux.
Valérie
"La bête s’est réveillée il y a environ 5 ans…"
Valérie Odina a un autre regret, le fait de ne pas avoir enfanté, mais elle en a fait deuil avec le temps. "Ce n’est pas un choix, mais disons que le destin en a décidé autrement... C’est vrai qu’il y a un vide, un manque. Alors je me suis épanouie autrement et puis j’ai plusieurs neveux et nièces et un rapport extrêmement fort à la foi. La spiritualité est au centre de ma vie".
En revanche, l’artiste qui sommeille toujours en elle, n’a pas renoncé à sa grosse envie de retourner sur scène, malgré son attachement à sa profession au service des citoyens.
La bête s’est réveillée il y a environ 5 ans. Pour l’instant, je chante à la maison, en pratiquant du sport par exemple. Certes, la valeur travail est fondamentale, mais aujourd’hui, j’ai très envie de revenir à mes premières amours… la musique, parce-que j’ai besoin de m’épanouir à travers cet art que j’ai gardé chevillé au corps. Donc, si une opportunité se présente, j’analyserai, mais il faut que je revienne en proposant quelque chose qui a du sens et de la "chair". Je ne veux pas revenir juste pour le m’as-tu vu. J’ai besoin de concret, d’autant que le monde et l’environnement musical ont changé et il faut par conséquent apprendre à s’adapter à cette nouvelle donne, car je reste parfaitement réaliste et lucide.
Valérie Odina
Et la quinquagénaire d’ajouter presque timidement : "Je suis heureuse, mais je le serai encore plus quand j’aurai retrouvé mon public, si l’occasion se présente" .