Notre économie attend un rebond, selon la dernière étude de l’Institut d’émission d’outre-mer (IEDOM) sur le climat des affaires, publiée lundi 25 septembre 2023. Après une euphorie plus ou moins crédible ces deux derniers trimestres, les chefs d’entreprises interrogés pour les besoins de cette enquête de conjoncture se disent pessimistes quant à une relance imminente. Ce qui semble logique, vu l’état de délabrement de notre tissu productif.
L’étude mentionne la cascade du nombre d’entreprises en faillite. L’augmentation cumulée sur une année est de 50%. Les secteurs les plus impactés sont le tourisme et l’immobilier. Il n’y a pas de données sur l’activité du bâtiment et des travaux publics, mais le nombre de chantiers tournant au ralenti sont très nombreux.
L’échelon local de la Banque de France n’entre pas dans toutes les composantes de ce manque de dynamisme. Sa mission consiste à observer les tendances économiques, et non à en déceler les causes, ni à élaborer des solutions. Derrière les chiffres – qui donnent une idée générale en cachant l’essentiel – la réalité quotidienne est insupportable pour nombre de familles et d’individus.
Par exemple, les petits agriculteurs ne bénéficient d’aucune aide, autant parce que leurs dossiers administratifs sont non conformes que parce qu’ils ne savent pas se faire entendre comme les agro-exportateurs bien introduits dans les cercles du pouvoir. Un autre exemple est celui de nos industriels, autant inquiets face à la prédominance des importations que par le flou autour de la réforme envisagée de l’octroi de mer. Quant à nos artisans et nos petits commerçants, ils sont autant perplexes face à leurs faibles commandes que par la rareté de leurs clients.
La réalité est plus préoccupante que les chiffres le disent
Le tableau est beaucoup plus sombre que le montre cette étude de l’IEDOM. Les jeunes s’en vont en masse, sans espoir de retour, ce qui porte atteinte au renouvellement générationnel du marché du travail. La consommation est en berne avec une inflation stratosphérique, moindre qu’en France mais avec un niveau de prix infiniment plus élevé. Le chômage est sous-évalué, autour de 10%, ainsi que le sous-emploi, autour de 10%, et le travail non déclaré, inestimable.
Enfin, la pauvreté gagne du terrain, sans perspective d’amélioration. Le tiers des habitants vit en-dessous du seuil de pauvreté monétaire de 1 120 euros mensuels. Ce qui interdit à une personne sur trois un accès facilité à une alimentation de qualité, au transport, aux soins de santé, à l’éducation, aux activités de sports et de loisirs, Dans ce contexte, la morosité gagne le corps social.
L’économie attend un second souffle, mais ce ne sera pas pour tout de suite. L’IEDOM veut nous faire croire que les choses auraient pu être pires, mais la situation économique reste vraiment inquiétante.