Connaître son histoire pour mieux appréhender son avenir et dessiner les contours de son destin est une démarche légitime entreprise par le réalisateur martiniquais Patrick Baucelin. Il nous conduit au cœur de l'esclavage colonial.
Le cinéaste explique "qu'entre le XVIe et le XIXe siècle, 25 000 convois d’environ 300 à 450 captifs Africains traversèrent l'océan Atlantique après 40 à 50 jours de périple vers les Antilles. Plus d’un million d’entre eux perdirent la vie".
Selon les historiens, pour répondre au besoin de main-d'œuvre dans ses colonies, "l’Europe a déporté vers la Caraïbe, sur 4 siècles, plus de quinze millions de captifs africains, déracinés de leur pays dans le but de travailler dans les plantations".
L'objectif de couleur de l'esclavage
Auteur, producteur, scénariste, réalisateur, amoureux et défenseur du patrimoine de la Martinique et de la Caraïbe, Patrick Baucelin a pris son bâton de pèlerin conscient du manque crucial d'un tel film.
Ce film qui raconte une histoire tragique, un crime contre l'humanité, permet au spectateur de se réapproprier de l'histoire. Au total, 222 figurants, acteurs bénévoles ont joué dans ce film.
Primé en Suède, nominé au festival international de Chandler dans l’Arizona aux États-Unis à la fin du mois, le réalisateur à la satisfaction de s'être vu décerné au festival d'Avignon le 1er prix dans la catégorie "meilleur documentaire" sur plus de 1200 œuvres en compétition.
Quel est le budget de la couleur de l'esclavage ?
Mais qui est Patrick Baucelin ?
Né en 1957 à Fort-de-France, Patrick Baucelin est fasciné par l’image dès sa prime jeunesse. Il suit sa voie et devient photographe amateur. En 1981, il monte son studio de production, le Studio Pat et travaille à la commande et à la réalisation de films promotionnels, institutionnels et publicitaires.
Auteur, producteur, scénariste, réalisateur, défenseur du patrimoine de la Martinique et de la Caraïbe, il a dû se battre sans cesse pour être reconnu.
Le déclic s’est produit en 1987, lors du 3e Festival international du film et du livre médical à Paris où il obtient sa première récompense internationale, le "Caducée d’Or", pour "Vè ou konnet ?", un film sur la prévention liée au problème des parasitoses en Martinique.
Depuis un quart de siècle, Patrick Baucelin produit ses propres documentaires de mise en valeur de l’histoire, de la culture et du patrimoine de la Caraïbe.
Une filmographie importante pour le réalisateur martiniquais
- En 1999, "La Martinique" (22mn), a décroché plusieurs Awards de l’excellence aux Usa. "Les églises de Martinique" (2007), un documentaire de 52mn a reçu plusieurs Awards (Arizona, Ohio, Dallas, Kentucky), tout comme "Les secrets des forteresses des Caraïbes" (2012), primé en Utah, Californie, New York, Kentucky et 1er prix en Guyane.
- En 2013, son film sur "Le costume traditionnel de l’esclavage à la grande robe", a décroché plusieurs distinctions : award de bronze, d’argent, d’or, de platine, en Californie, au Texas et dans l'Indiana.
- En 2018, "Les secrets de forteresses 2", fut à la sélection officielle du film indépendant à Rome en Italie ainsi qu’au festival panafricain de Cannes.
- En 2020, le film documentaire "An tan lontan" a été primé.
"La couleur de l’esclavage" compte, avant sa sortie officielle en Martinique, 32 récompenses notamment le prix du meilleur film du documentaire au festival d’Avignon.