Le Martiniquais Roger François, organisateur de bals et propriétaire du "Terpsichora", est mort

Roger François lors d'un tournage Ziétaj
Sainte-Luce François surnommé "Roger", propriétaire de l'ancien dancing le "Terpsichora" au Lamentin en Martinique, est décédé. Cet homme qualifié par ses proches de "jovial et affable", a accueilli durant des années dans sa salle de bals, plusieurs grandes pointures de la musique antillaise et caribéenne. Il était aussi le père du chanteur, auteur, compositeur et batteur, Jean-Michel Cabrimol. Les obsèques auront lieu ce mardi 26 novembre à l'église de Bellevue à Fort-de-Fance.

Le monde artistique est en deuil à la suite de la disparition de l'organisateur de soirées, Sainte-Luce François, samedi 23 novembre dernier. Surnommé "Roger", il était aussi le tenancier du célèbre dancing le "Terpsichora".

Cette grande salle de bals située entre le Lamentin et le Robert, a vu défilé de grands artistes caribéens et antillais. Parmi eux, le chanteur martiniquais Ralph Thamar.

Roger François fut un défenseur infatigable à partir des 70 reluisantes années de l’idée que la Martinique devait absolument être de ce migan régénérant dans toute la Caraibe et les Antilles (petites et grandes). Il a mis toute son énergie, sa volonté et ses compétences au service de cette idée. Il était de cette race d’entrepreneurs à l’instar des Brival, Nicole et autre. Je me souviens de son "Terpsichora" où j’ai fait mes "humanités" constructives et enrichissantes et bénéficié de cours magistraux dispensés par des professeurs émérites venus de toute la région (El Gran Combo, Tommy Olivencia , Nemours Jean-Baptiste, Sparrow, Johnny Pacheco, etc...).

Ralph Thamar

"Je suis éternellement reconnaissant"

Je ne saurais oublier la scène ouverte aux étudiants que nous étions au sein de formations dont les noms font désormais partie de l’histoire... Perfecta, Gentleman, Malavoi... devant un public toujours fourni, enthousiaste et de bonne tenue. Une seule chose est à dire : respect et merci à Roger. Je suis éternellement reconnaissant.

Ralph Thamar

(chanteur du groupe Malavoi)

Roger François, souvent souriant de son vivant. L'ex propriétaire du "Terpsichora" est décédé le 23 novembre 2024.

Pour le tromboniste, auteur, compositeur, chanteur et chef d'orchestre, Guy Vadeleux, c'est "un grand homme qui s'en va".

Il était d'une grande gentillesse. Je l'ai connu à l'époque du groupe haïtien de Pierre Blain avec lequel j'évoluais et il était le manager impresario. C'est quelqu'un que j'ai toujours admiré pour sa simplicité et sa gentillesse. Pour l'anecdote, c'est lui qui m'a donné pour la première fois un volant à tenir pour apprendre à conduire. Que Dieu te Garde et bon voyage Roger.

Guy Vadeleux

Ses passions : le commerce... et surtout la musique

Roger François a commencé sa carrière professionnelle dans le milieu automobile. Il a d’abord été chauffeur de taxi, puis vendeur dans une grande concession, avant d'occuper le poste de directeur commercial.

Grâce à son charisme naturel, il a été sollicité plus tard par une grande marque allemande pour le même poste. Roger François sera même reçu au siège social du constructeur en Allemagne.

Et puis il y a la musique, dont il a été une cheville ouvrière en organisant des bals, d'abord dans une petite paillote qui s'appelait "Wikiki", avant la création du fameux "Terpsichora" devenu un temple de la musique, comptant jusqu'à 45 employés.

En collaboration avec d'autres producteurs de soirées et spectacles tels que Michel Nicole, Mico du New Land en Guadeloupe et Danny Play en Guyane, Roger et ces entrepreneurs ont réussi à créer un "circuit" qui permettait aux groupes de l'époque de se produire sur des tournées longues aux Antilles-Guyane.

Père d'une célébrité de la musique martiniquaise

Avec l'aimable autorisation du réalisateur Miguel Octave

Le Terpsichora ©Miguel Octave

Et puis Roger François était aussi le père d'un musicien non moins connu, qui très jeune, a baigné dans cette atmosphère artistique, dont il s'est beaucoup imprégné avant de lancer sa carrière. Il s'agit de Jean-Michel Cabrimol

J’ai eu la chance de voir l’épopée du "Terpsichora", avec Oscar D’León, Chéo Feliciano, les Ryco Jazz, Marius Cultier, la Perfecta, les Léopards, Malavoi, E+, Steel Jazz, Puissance 8, les frères Déjean, Tabou Combo , Magnum Band... Cette vision de mon père m’a permis d’avoir des racines, de voir, d’écouter et de connaître la problématique des orchestres. C'était un lieu mythique. (...). Mon père aimait aussi la géopolitique. Il était ami avec Jacques Chirac. Il en a fait les frais d'ailleurs, puisqu’il a été contraint de fermer son établissement à un moment donné, une déception qui l’a marquée jusqu’à la mort. L’ensemble de la famille a perdu quelqu’un de remarquable. Mon père était humain et proche des gens.

Jean Michel Cabrimol,

(auteur, compositeur, batteur et leader de l'orchestre La Mafia)

Roger François lors d'un tournage de l'émission Ziétaj avec René-Lise Cimper

L'animateur Michel Thimon évoque Roger, le "parrain"

Le chanteur des léopards et la Mafia Michel Thimon a connu Roger François ©Daniel BETIS

Les obsèques de Roger François seront célébrées ce mardi 26 novembre à l'église de Bellevue à Fort-de-Fance, avant son inhumation au cimetière du Lorrain.