La décroissance démographique pourrait devenir un thème de campagne pour les prochaines élections territoriales

Personnes marchant à la rue piétonne au centre-ville de Fort-de-France (image d'illustration).

Le fait est passé inaperçu, mais il est néanmoins historique : le solde naturel de la population martiniquaise est négatif. Le vieillissement et la dénatalité en sont les signes.

L’accroissement naturel en Martinique est désormais négatif. Traduire : le nombre de décès est supérieur à celui des naissances. Les chiffres publiés par l’Institut national de la statistique, l’INSEE, sont limpides.

La Martinique enregistre 3 590 décès et 3 530 naissances en 2020. La différence, le solde naturel dans le langage des experts, s’élève à moins 60. Du jamais vu. Dit autrement : nous avons de plus en plus de morts et de moins en moins de bébés.

Les causes de ce croisement des courbes sont connues. L’INSEE nous dit que l’augmentation des décès est largement due au vieillissement de la population. Et que la baisse des naissances s’explique par la diminution des effectifs de femmes en âge de procréer.

La démographie : un thème de campagne

 

Au-delà de ces quelques chiffres traçant une réalité tangible, nous sommes confrontés à une mutation sociologique. Comme le disait un expert, "la statistique, c’est comme le bikini ; ça donne une idée générale, mais ça cache l’essentiel". L’essentiel est que les deux courbes des naissances et des décès ne vont pas cesser de se distancier.

En un mot : la population est en train de régresser, sur le plan numérique. Le phénomène continuera de s’accentuer tant que les décès seront plus nombreux que les naissances. Les faits étant posés, pourront-ils alimenter la réflexion de nos responsables politiques ? La décroissance démographique pourrait devenir un thème de campagne pour les prochaines élections territoriales.

Tout dépend de la vision que les candidats ont de l’étendue des pouvoirs et des marges de manœuvre de la CTM. L’institution, comme toutes les autres, peut enclencher des politiques publiques visant à atténuer les effets du dépeuplement.

La CTM peut impulser une vaste réflexion sur le thème

 

Des solutions palliatives existent pour tenter de retenir au pays ceux qui s’en vont pour travailler ou se former. La création d’emplois, de zones d’activités, de marchés nouveaux peuvent être indirectement suscités par la CTM. Elle peut aussi permettre à l’université, au système éducatif et aux organismes de formation de se renforcer et de diversifier.

La CTM ne peut pas agir seule sur ces sujets. Elle peut néanmoins impulser une vaste réflexion sur le thème du retour ou du maintien au pays de celles et ceux qui ont été obligées de le quitter ou incités à le faire. Si nous n’y prenons pas garde, la baisse continue de la population pourrait se traduire par sa disparition dans quelques décennies.