La démocratie a parlé, les moyens audiovisuels et sonores ont été rangés, les derniers débats télévisuels ont permis de confirmer qu’en Martinique il y a pléthore de connaisseurs qui ont transformé les plateaux en échelle de perroquets savants convertis en éoliennes politiques. À écouter ces échanges, il est très facile de constater que nous sommes en permanence en présence d’ouvriers de la parole et autres "tautologues", qui n’ont pas de limite dans les propositions du mode de gestion à mettre en œuvre pour sauver notre Martinique.
Dans un pays aussi fracturé faut-il faire prospérer cette rhétorique ?
Nous, PUMA, avons toujours réfuté ce type d’opération de com', pilonnée en permanence pour des raisons politiciennes, dont les effets ne changent rien de la politique publique qu’attend la population. Dans ces conditions, refusons de commettre les erreurs du passé dans bon nombre de secteurs, singulièrement en environnement économique et écologique.
En 1945, il a été introduit le "Lapia" dans notre biotope aquatique, depuis, de nombreuses espèces endémiques ont disparu. Lors de la colonisation, les continentaux ont fait comprendre que les Mangroves’ dégageaient de mauvaises odeurs et favorisaient les foyers de moustiques. Il a fallu un long et lourd combat pour protéger ce biotope et cette biocénose tropicale. Aujourd’hui il est admis scientifiquement que la Mangrove procure des bénéfices aux populations en matière de sécurité alimentaire, de protection des côtes contre l’assaut des vagues et de stockage de carbone. Elle contribue également à la réduction des risques de catastrophes naturelles en lien avec les impacts du changement climatique.
Après la guerre il a été imposé en matière agricole, l’usage des intrants chimiques en remplacement des fumiers organiques, il a fallu se battre pour stopper les organochlorés, dont la Chlordécone. Là encore il a fallu mener une stratégie pour démontrer comment les services de l’État ont tout fait pour tenter de nous discréditer, mais grâce à des scientifiques et juristes nationaux, nous avons déjoué toute la coalition qui une fois de plus a manipulé nos dirigeants.
Il y a un réveil qui s’amorce, les élus seront réunis en Congrès pour tenter d’adapter certains textes législatifs et réglementaires, nous ne pouvons pas rester insensible à la démarche. De ce fait, nous proposons en matière environnementale et économique que soit mis au débat la question du financement du renouvellement du réseau de production et de distribution de l’eau et de l’assainissement.
Ne pas poursuivre les erreurs du passé
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Refusons d’être instrumentalisés par des administrations et autres politiques qui considèrent disposer du monopole du savoir. La gestion de l’eau ne peut pas se faire sur le modèle national.
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Que l’Article L 300-2 du Code de l’Urbanisme concernant la concertation soit appliqué sans discrimination, sans mise à l’écart de la population ou de ses représentants constitués en association.
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Que les lois de la nature soient respectées en tenant compte de la différence entre les zones tropicales et tempérées.
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Que la rédaction des cahiers des charges de la commande publique tienne compte de la réalité sociale, environnementale et économique locale.
À l’initiative de l’ODE (Office De l'Eau), nos élus ont été conviés à débattre sur la mise en place d’un organisme unique pour la gestion de la ressource : BRAVO, qui peut être contre ? Cela fait des années que nous réclamons cet important outil. Là où nous sommes tombés de l’armoire, c’est qu’il est proposé de programmer différents forages pour aller puiser l’eau de la nappe phréatique.
Cette eau devra être traitée avant sa mise à disposition de la population avec un surcoût en termes d’acheminement, de traitement et de dégâts collatéraux dans les zones forées et traversées. Cette formule très controversée va générer de nombreux contentieux et coûtera lourdement contrairement à la récupération des bassins qui permettront d’avoir les volumes pour la production. Quid du renouvellement des tuyaux, des réservoirs et du fléchage de la recette de l’eau dans une ligne uniquement dédiée aux travaux de modernisation afin de payer les entreprises ?
De nombreux citoyens encore en vie, ont connu l’existence des bassins naturels dans nos rivières, ce qui permettait de stocker de gros volumes d’eau après les pluies diluviennes. Avec l’urbanisation et l’agriculture, ce sont des tonnes de terres qui se sont logées dans ces bassins, ce qui fait qu’il n’y a plus de place pour l’eau. Il y a eu une économie qui a fait vivre des collecteurs de sable de rivière, cet entretien a été stoppé pour répondre à un mode de gestion calqué sur le national. Pas besoin de faire de grandes écoles pour constater qu’après de grosses pluies le volume restant est pratiquement inexistant.
Messieurs les élus, il existe cette variante qui peut participer à l’économie circulaire, ne vous laissez pas convaincre par des agents locaux ou venus de l’extérieur qui n’ont fait leurs études que sur le modèle national dans de nombreux domaines comme : la culture, le mode de vie.. Il y a une vision différence notoire avec les Français de l’hexagone et ceux des tropiques. Il est des apprentissages tropicaux qui n’ont qu’un seul objectif : être mentionnés dans les CV pour avoir travaillé sur des programmes locaux.
Notre tendance à remettre au lendemain ce que l’on doit faire, par paresse, négligence, manque d’intérêt...nous interdit de réclamer les évaluations sur ces opérations pour notre Martinique, avant qu’il ne soit trop tard.
Lors de ce congrès, nos élus devront, Pour Une Martinique Autrement, prouver à la population qu’ils ne commettront pas les erreurs du passé en refusant de se laisser dominer par les administratifs afin de mettre la priorité sur la gestion de notre ressource eau en tenant compte de la réalité écologique de nos rivières qui disposaient de réservoir naturel.
Pour l’association écologique PUMA Florent Grabin