La gestion de l’épidémie sévèrement évaluée par les députés

Quelques jours avant son homologue du Sénat, la commission d’enquête de l’Assemblée nationale a livré, mercredi 3 décembre 2020, un rapport sans concession, qui souligne un pilotage défaillant de la crise sanitaire par le pouvoir exécutif.
Le gouvernement a sous-estimé la survenue de l’épidémie. Ce sont les députés de la commission d’enquête parlementaire qui le disent. A sa décharge, il a été confronté à une pénurie de masques organisée par ses prédécesseurs et à l’absence de diversification de ses fournisseurs. La France s’est trouvée démunie au plus fort de l’épidémie, d’autant que ce risque a été mal évalué.

Les députés pointent également du doigt « la surpuissance du ministère de la Santé », la faible coopération entre les ministères, ou l’incompréhensible concurrence entre les nombreuses cellules de crise. Ils révèlent des carences qui auraient pu être évitées si la concertation s’était élargie au-delà du seul conseil scientifique. 

Les trois leçons que chacun a déjà tiré de la gestion hasardeuse de la crise sont contenues dans ce rapport sans concession. Primo : la prévention des risques, quasiment inexistante en France, est une responsabilité éminemment politique.

Deuxio : l’administration n’a pas à se substituer au gouvernement et aux élus locaux pour mettre en œuvre des décisions politiques. Tertio : gérer une crise relève de l’exécutif, représenté dans les territoires par le préfet.
 

Le Premier ministre écrit une nouvelle feuille de route

 
Le gouvernement saura-t-il se montrer attentif aux critiques et aux observations formulées par les députés ? D’ores et déjà, le Premier ministre semble avoir compris le message. Sa nouvelle ligne de conduite s’articule en trois mots : sécurité, transparence et proximité.

Le temps n’est plus à tergiverser pour savoir quand et comment les erreurs se sont accumulées. L’exécutif prépare déjà une autre échéance majeure, celle de la vaccination. Les militants anti-vaccins (les antivax) sont en première ligne contre le caractère obligatoire de cette mesure de salubrité publique. Or, le président est opposé à rendre contraignant le vaccin. Chacun devrait apprécier s’il s’y résoud ou pas.

Le gouvernement sait qu’il doit être pédagogue pour être convaincant. A son passif, il pourra lui être reproché les 50 000 décès de la crise sanitaire. Il lui reste une étroite fenêtre de tir pour corriger cette impression d’amateurisme largement partagée dans tout le pays.