La justice soumise à la pression citoyenne dans le dossier chlordécone

Manifestation contre le non-lieu de l’enquête sur l’empoisonnement de la Martinique et de la Guadeloupe par le chlordécone en décembre 2022.
Une nouvelle mobilisation citoyenne se prépare pour refuser le non-lieu dans la procédure du scandale du chlordécone. Un large collectif s’est mis en place pour convaincre chacun de nous à se constituer partie civile afin d’obtenir réparation.

Toutes et tous au tribunal ! C’est, en résumé, le mot d’ordre lancé par le mouvement "Simenn Matinik Doubout". Il s’agit pour tous les habitants du territoire de se constituer partie civile dans la procédure pénale du scandale du chlordécone. Un formulaire type à remplir sera bientôt diffusé par ce collectif composé d’associations civiques, écologistes et féministes, d’organisations syndicales, de formations politiques et de personnalités.

Une "Simenn Matinik Doubout" aura lieu du 22 au 28 octobre 2023. L’idée sous-tendant ce nouvel appel à la mobilisation populaire est simple : impliquer chacun afin de montrer notre colère après le non-lieu prononcé par le tribunal judiciaire de Paris le 2 janvier 2023.

L’appel formulé par les avocats des collectifs et associations sera examiné en début d’année prochaine. La chambre de l’instruction devra confirmer ou infirmer l’ordonnance de non-lieu. En attendant, il s’agit de faire pression sur l’institution judiciaire. Et ceci, pour trois motifs : le droit de savoir, le droit à la vérité et le droit à la justice.

Une nouvelle mobilisation en préparation

D’abord, le droit de savoir dans quelles circonstances la généralisation du pesticide à base de chlordécone a été autorisée. La commission d’enquête parlementaire présidée par le député Serge Letchimy avait levé en novembre 2019 le voile sur l’opacité des décisions politiques à l’origine du scandale. Il reste à la justice à confirmer ces faits.

Ensuite, le droit à la vérité. Ne serait-ce que pour comprendre ce qui a poussé la corporation des planteurs de banane à réclamer à l’État l’autorisation d’utiliser un produit connu comme toxique. La justice pourra montrer que le gouvernement et les responsables de la filière savaient, à l’époque.

Enfin, le droit à la justice, c’est-à-dire à un procès équitable au bout duquel "les empoisonneurs soient condamnés", selon Maître Raphael Constant, l’un des avocats du mouvement. La justice pourra alors effacer l’affront fait aux peuples de Guadeloupe et de Martinique et, au-delà, à des citoyens français soucieux du respect de leurs droits.

Nous saurons alors si l’idéal républicain signifie encore quelque chose dans la patrie des droits humains.