La Ligue de natation de Martinique se réjouit de l’autorisation des bonnets de bain pour cheveux afro

Image d'illustration.
La Fédération Internationale de Natation (FINA) a donné son feu vert pour l’utilisation des bonnets de bain pour cheveux afro. Un soulagement en Martinique où leur interdiction posait parfois problème lors des compétitions.

"Oui monsieur, allez couper vos cheveux !" Le refrain bien connu du duo formé par Max Ransay et Kali a bien failli s’appliquer à un licencié de l’Espadon cercle de nageurs de Fort-de-France. En 2019, Kylian, 15 ans, doit participer à une compétition régionale. Mais comme ses cheveux afro ne rentrent pas dans le bonnet de bain règlementaire, il se procure un bonnet rasta mais s’entend dire qu’il ne pourra pas prendre le départ dans ces conditions.

Seule solution envisagée alors par le jeune Kylian qui refuse qu’on éclaircisse sa chevelure ou qu’on lui fasse un youle : accepter à contrecœur de se jeter à l’eau avec des tresses collées sur le crâne. La présidente de l’Espadon Maryse Martinel se souvient de ce cas parmi d’autres en Martinique.

Kylian n’avait sans doute pas envie de le faire mais il a opté ce jour-là pour des nattes. D’autres nageurs ont préféré ne pas s’aligner en compétition. Pour nous, dirigeants de club, ce n’était pas facile d’appliquer cette règle. On avait le mauvais rôle, un rôle directif dans une société martiniquaise où le volume capillaire est de plus en plus important chez nos jeunes. Beaucoup de filles par exemple ont des rajouts et ça posait problème en natation.

Maryse Martinel, présidente du club de l’Espadon

Maryse Martinel, présidente de l’Espadon (août 2022).


En 2021, l’une d’elle, la jeune Maelyss Octave est confrontée justement à ce problème. À 11 ans, la nageuse de l’Espadon participe à une compétition au Lamentin. Pour envelopper ses nattes et ses mèches, elle choisit également un bonnet rasta. Au beau milieu de cette épreuve qu’elle a préparée avec soin depuis des mois, la jeune fille est saisie d'une angoisse soudaine :

A un moment donné quand ils m’ont dit que je n’avais pas le droit de nager avec ce bonnet, j’ai eu peur. Finalement il y a eu des discussions avec ma mère et on m’a permis de faire la compétition.

Maelyss Octave, nageuse de l’Espadon

Tout est bien qui finit bien ce jour-là. Un an après, Maelyss Octave a gardé ses nattes mais abandonné avec regret ses mèches qu’elle aimait pourtant bien. Un réflexe de prudence pour éviter de revivre la même frayeur, voire d’être disqualifiée à la prochaine compétition, si elle venait à tomber sur un jury moins souple.

Maelyss Octave, nageuse de l’Espadon.

Les craintes de Maelyss Octave n’ont plus lieu d’être aujourd’hui, après l’annonce de la Fédération Internationale de Natation (FINA) intervenue le vendredi 9 septembre 2022. Elle autorise désormais en compétition un bonnet de bain ample destiné aux nageurs possédant une coiffure afro, des tresses ou des dreadlocks.

C’est l’épilogue d’une longue bataille menée par la nageuse britannique Alice Dearing, spécialiste de la natation en eau libre, et de son sponsor, l’équipementier Soul Cap, spécialisé dans la fabrication de bonnets de bain pour cheveux épais, bouclés, tressés ou longs.

Très critiquée pour avoir refusé d’homologuer les bonnets de bain pour cheveux afro, la Fina avait consenti l’an dernier à les tester. Avant de donner son feu vert, elle voulait s’assurer que les produits de la marque Soul Cap "ne confèrent pas d’avantage compétitif" aux athlètes qui les utilisent.

La nageuse britannique Alice Dearing, portant un bonnet de bain de marque.


"Je suis très heureuse"
, a écrit Alice Dearing vendredi sur son compte Twitter, en apprenant la décision de la Fina. Une décision applaudie également en Martinique par Alex Badian, le président de la Ligue de natation qui compte quatorze clubs et mille neuf cents licenciés..

Certains de nos nageurs qui ont des cheveux longs ou des locks ont été impactés par la réglementation en vigueur jusqu’ici. La décision de la Fina ne peut qu’être positive pour le monde de la natation. J’espère que nous aurons de plus en plus de jeunes qui viendront dans les clubs pour s’adonner à ce sport complet.

Alex Badian, président de la Ligue de natation

Alex Badian, président de la Ligue de natation de Martinique.


Pour Alex Badian, la décision de la Fina vient à point nommé. À un mois du début de la saison, il veut relancer la discipline qui a pâti de la crise Covid et d’une baisse des licenciés ces dernières années. Le 9 octobre 2022, nageurs et nageuses se retrouveront à Trinité pour une compétition en mer, toutes catégories confondues. Trois courses sont programmées : 500 mètres, 1 km et 3 km.