Être enfant et quitter son île pour suivre ses parents partis s’installer dans l’Hexagone : beaucoup de Martiniquais ont vécu cela. D’une famille à l’autre, les raisons de ce départ ne sont jamais les mêmes. Pour Danielle Fontaine, l’histoire a commencé au François. En 1972, elle a six ans et n’a pas connu sa sœur aînée, décédée prématurément, lorsqu’un nouveau drame frappe à la porte.
Mon frère est tombé gravement malade après avoir été léché par des chiens dans son parc d'enfant. Il a attrapé la méningite et est devenu malentendant. Les médecins ont demandé à ma mère de partir en France pour le faire soigner. C’est comme ça qu’elle a quitté son île chère à son cœur à regret.
À Gonesse où Danielle Fontaine atterrit, c’est le choc. À l’école, les filles l’appellent la "noiraude" ou "skeletor" parce qu’elle est maigre. Du coup, elle préfère la compagnie masculine et cultive son côté garçon manqué. Au lycée ses camarades ont pour nom Passy et Ben-J, promis à une belle carrière dans le rap.
"Je n'étais pas très portées sur les études. J'ai passé mon bac et j'ai commencé un BTS Tourisme" précise Danielle Fontaine. Après un détour par l’île de la Réunion, elle intègre une entreprise irlandaise qui opère avec les plus grandes maisons de luxe : Gucci, Chanel, Nina Ricci, Chopard, Yves Saint Laurent...
J'étais la responsable grands comptes. Il m'est arrivé de prendre l'avion pour aller déjeuner avec le directeur de Chopard à Cannes. Je me devais d'avoir une excellente présentation, perchée sur des talons toute la journée. Mais quelle fierté d'être félicitée par ces enseignes pour ma présentation et mon travail !
Pour Danielle Fontaine, le quotidien est alors ponctué de rencontres avec des célébrités comme le chanteur James Brown, le sprinter Jon Drummond ou l’acteur Sylvester Stallone. En avril 2015, alors qu’elle participe à une réception à l'Ambassade d'Argentine à Paris, elle croise une politicienne africaine, Marie-Madeleine Dioubaté, candidate à l’élection présidentielle en Guinée.
Danielle Fontaine décide de la suivre dans cette aventure et de l’aider à financer sa campagne.
Nous sommes parties ensemble en Israël. Nous avons rencontré des gens du Mossad ainsi qu’un homme d'affaire et un homme politique. J'ai bien compris que s’ils finançaient la campagne de Marie-Madeleine, ils attendaient un retour sur investissement.
"J'aimerais rentrer en Martinique"
En juillet 2015, Danielle Fontaine débarque à Conakry (Guinée) et se jette à corps perdu dans la campagne électorale. Elle s’occupe de la communication de Marie-Madeleine Dioubaté, répond aux interviews à la télévision, bat la campagne dans les villes et villages, et maintient le contact avec les autres figures de l’opposition.
Face à Alpha Condé, au pouvoir à l’époque, Marie-Madeleine Dioubaté n’a aucune chance. Le président sortant l’emporte et rempile. En octobre 2015, Danielle Fontaine plie bagage et rentre à Paris. "C’étaient mes premiers pas en Afrique. La Guinée est un pays vaste et verdoyant. J'ai été agréablement surprise. C’était une belle aventure humaine", se souvient la Martiniquaise.
Depuis, la jeune femme de 49 ans a pris un nouveau virage. Aujourd’hui, elle travaille dans l'immobilier mais reste partante pour tous types de projets, "même si ce n'est pas mon univers", dit-elle. "Je fais les choses avec passion. Je suis pugnace. J'aimerais rentrer en Martinique mais il faudrait que je trouve une belle opportunité pour m'y installer", conclut Danielle Fontaine.