C’est une femme qui se dévoile rarement, et quand elle le fait, c’est par petites touches, pour ne pas trop en dire, de peur que quelqu’un, par inadvertance, ne piétine son jardin secret, sans égards pour les fleurs qui y poussent. Sur son enfance, Laurie Jam se confie donc du bout des lèvres.
Je suis née à Athis Mons dans les années 70 de parents martiniquais. On a vécu dans une caserne au Havre où mon père avait été muté. Il était inspecteur des douanes et ma mère infirmière. C’était un couple fusionnel. J’avais 6 ans quand ils ont divorcé. Ça m’a déstabilisé.
Laurie Jam
De retour en région parisienne avec sa mère, Laurie saute une classe, car elle sait déjà lire et écrire. C’est l’un des rares bons souvenirs qu’elle garde de l’école. À la récréation, elle se fait tirer les cheveux et essuie des railleries racistes.
Laurie grandit, avec pour seule amie, sa sœur Michelle. À la maison, elles dansent tout le temps, montent des pièces de théâtre et s’inventent des comédies musicales avec n’importe quel vêtement, en guise de déguisement.
Tout était propice à l’évasion. Personnellement j’avais besoin de transformer mes émotions d’enfant. Il me fallait à tout prix canaliser mon énergie en quelque chose de fort dont je ne savais quoi faire à l’époque.
À 17 ans, Laurie intègre un groupe de musique de son lycée à Savigny le Temple. C’est l’une des deux chanteuses. Elle reprend « No woman no cry » de Bob Marley pour la fête de fin d’année. Premier concert, premier succès, premier rappel.
Sur sa lancée, Laurie envoie une cassette à la chaine M6. Elle est retenue et passe dans l’émission Hit-Machine présentée par Charly et Lulu. En 1997, elle fait sa première télé. Elle est programmée entre deux stars, Texas et Ricky Martin.
Après l’émission, j’ai été contactée par Sony Music qui cherchait à monter un girls band avec des filles un peu dénudées, vêtues d’un simple tee-shirt mouillé. J’ai refusé. Je voulais interpréter mes propres chansons. Avec le recul je ne regrette pas, même si je n’ai pas eu le succès et la carrière que j’espérais.
Après avoir chanté sur des rythmiques new-jack, genre musical à mi-chemin entre le R&B et le hip-hop, Laurie enregistre des morceaux de zouk, fait des chœurs pour Laurent Voulzy, puis se frotte au jazz et au gospel, avant avec d’accompagner Liz Mc Comb dans une tournée qui l’emmène à Vienne, New-York, Casablanca.
En 2005, Laurie se rend à un concert de Kassav en région parisienne. Invitée par un des musiciens, elle se trouve dans les loges lorsque les membres de l’orchestre apprennent qu’une de leurs choristes ne viendra pas. Elle est indisponible. Qui pour la remplacer au pied levé ?
Jocelyne Béroard vient me voir et me demande : « Tu connais nos chansons ? » Je lui réponds : « Je les connais toutes ». Elle me donne le montant de mon cachet et me dit : « Va t’acheter des baskets. Nos concerts sont très sportifs ». Elle avait raison, car je n’aurais pas tenu avec mes talons.
Beau souvenir mais quand, comme Laurie, on est mère d’une famille nombreuse, la vi atis rèd. Alors, en plus de la musique, elle travaille chez Air France et dans diverses entreprises. Sur le plan privé, elle compose aussi avec les notes, parfois hautes, souvent basses.
J’ai eu le temps d’aimer fort et d’avoir quatre beaux enfants. Les hommes de ma vie ont tenté d’éteindre ma lumière. Alors j’ai privilégié ma vie de mère à une vie de compagne. Mon foyer, ce sont mes enfants et moi, dans une atmosphère artistique libre.
En 2006, Laurie Jam se lance dans la communication. Elle organise, à la carte et à la demande, pour des particuliers et des sociétés, des événements au Maroc, en Espagne, au Liban, en Russie, aux États-Unis.
Aujourd’hui, après deux ans de pause Covid, elle refait surface. Laurie animera des marchés de noël en région parisienne en mettant à la disposition de ses clients son catalogue d’artistes : chanteurs, danseurs, magiciens, acrobates, échassiers, musiciens, cracheurs de feu...