La Martinique bat des records dans une criminalité que rien ne vient contrecarrer

Les violences avec arme se multiplient ces derniers jours.
Une quinzaine de tués par armes ont été enregistrés durant le premier semestre de 2023. En dépit du déploiement de forces de l’ordre, un nouveau triste record est atteint dans la violence. Comment casser cette spirale mortifère ?

S'il y a une politique publique qui mérite d'être repensée de fond en comble, c'est bien celle de la sécurité. Jamais autant de moyens humains et matériels n'ont été déployés par l’État pour juguler le crime organisé et ses conséquences. Jamais les élus locaux n’ont autant demandé le recours aux forces de l’ordre. Jamais la population n’a été aussi inquiète face à ce déferlement imprévisible de violence.

Pourtant, le nombre de meurtres continue d'augmenter. Rien ne permet d’espérer que la sinistre courbe des tués par armes à feu ou armes blanches soit sur le point de décroître. Personne n’attend plus rien des autorités qui semblent dépassées par l’ampleur du phénomène. Il en sera encore ainsi tant que les causes profondes de la criminalité ne sont pas traitées.

Depuis trente ans, une pègre s’est enkystée dans notre corps social, lentement mais sûrement. Depuis trois décennies, des criminels professionnels ont pu organiser systématiquement le trafic de drogue. Un commerce illégal désormais banalisé et qui s’est récemment doublé du trafic d’armes. Ces activités illicites alimentent le blanchiment de l’argent sale, dont des sommes massives sont réinjectées dans le circuit économique officiel.

Certains se demandent s’il n’est pas trop tard

Les syndicalistes de la police sont résignés. Ils ne cessent d’établir un lien entre le désœuvrement d’une partie des jeunes et l’augmentation des délits et des crimes. Ils se muent ainsi en sociologues dont les analyses épousent une réalité prosaïque. À savoir que la criminalité n’aurait peut-être pas été aussi importante dans un contexte de plein-emploi.

Le chômage massif depuis plusieurs générations induit la tentation de l’argent facile et, par voie de conséquence, la délinquance. Pour autant, la pègre et le crime existent aussi dans les pays riches, là où les jeunes sont occupés avec un emploi. Sauf que nous sommes dans une situation de développement de notre mal-développement, qui offre de rares perspectives à nos enfants. Et si là gisait la véritable source de la criminalité ? Le débat est ouvert.