La rentrée de nos formations politiques se fait attendre

Réunion politique à Sainte-Marie (illustration)
La rentrée politique n’aura pas lieu, une fois de plus, alors que la demande de renouvellement de l’offre politique n’a jamais été aussi présente dans le pays.

Où sont nos politiques ? A quelques exceptions près, il n’y aura pas de rentrée de nos formations politiques. Une tradition relativement récente. Il fut un temps où les militants se rencontraient pour se fixer une feuille de route pour l’année à venir, plus ou moins autour de la rentrée scolaire.

Cette tradition n’est plus de mise. Nos appareils politiques sont devenus au fil du temps des viviers de responsables des collectivités locales. Ils ont perdu leur fonction première, celle d’être un laboratoire d’idées. Chacun semble s’en accommoder, à commencer par le citoyen volontiers abstentionniste. Son intérêt se réduit à réclamer des services publics efficaces et des élus bons gestionnaires.

À leur tour, les dirigeants et les militants politiques, tentent de satisfaire ces besoins élémentaires. Qu’il soit maire ou conseiller territorial, l’élu du 21e siècle cherche avant tout l’efficacité de son action et la satisfaction de ses administrés. Grand bien lui en fasse. Le temps des discours fondateurs d’une vision pour le pays appartient au passé.

Des élus gestionnaires

 

L’époque des grands hommes ayant construit les bases de la Martinique est révolue. Entre autres exemples, citons : Alphonse Jean-Joseph, initiateur de l’adduction d’eau dans tout le sud ; Pierre Aliker, champion de la médecine préventive et de la vaccination de masse ; Armand Nicolas, artisan de la connaissance historique ; Michel Renard, pionnier de l’intercommunalité ; Aimé Césaire, porteur d’une conception du développement centrée sur notre identité culturelle.

Il y aura sûrement, dans les prochains temps, des personnalités capables de se hisser au-delà des frontières de leur famille politique et au niveau de l’intérêt supérieur du pays. Pour le moment, nous ne pouvons que constater la modestie de l’offre politique.

Nous ne pouvons que déplorer la faible épaisseur intellectuelle des débats publics du moment, avec ce clivage inopérant entre partisans et adversaires de la vaccination, par exemple. Les élections municipales et territoriales, ces deux dernières années, ont été l’occasion de nous monter que notre boussole est cassée, que nous n’avons plus de cap.

Une offre politique modeste

 

Pour autant, rien ne sert de se résigner au pessimisme ambiant. L’élection présidentielle approche à grands pas. Elle sera l’occasion de discuter autour de projets différents de société et d’options différentes de la politique de l’Etat envers l’outre-mer. Moment de haute intensité politique s’il en est, la présidentielle devrait nous inciter à choisir un horizon plutôt qu’un autre.

Tous les candidats n’auront pas le même programme. Les courants politiques se distingueront par leur diversité. Etre socialiste ou d’extrême droite, ce n’est pas la même chose. Libéral ou communiste, idem. Ecologiste ou souverainiste non plus.

Il est à espérer que les solutions et les projets des uns et des autres pourront contribuer à l’élévation du niveau de la réflexion politique chez nous. Il devient urgent de recommencer à débattre des affaires de la cité, pour reprendre la définition du mot "politique".