La réparation des dégâts climatiques dans les pays pauvres enfin actée à la COP 28

La COP 28 s'ouvre ce jeudi 30 novembre aux Emirats arabes unis, avec au menu deux grandes batailles autour de la finance et des énergies fossiles
La détermination des pays les plus pauvres est venue à bout des tergiversations des pays riches à la COP 28, avec la création d’un mécanisme financier destiné à réparer les dégâts causés dans les zones les plus vulnérables par les modifications du climat.

Les engagements se suivent à un rythme soutenu dans les salles de conférences de la COP 28, à Dubaï. Des décisions fondées sur le volontariat, au sens de la politique, mais qui ne sont pas contraignantes, au sens du droit. Parmi ces engagements souscrits à l’unanimité des quelque 200 membres de l’ONU, la création d’un fonds de compensation des pertes et dommages climatiques dans les pays vulnérables. Il sera localisé dans un premier temps à la Banque mondiale.

La création de ce fonds dénoue les tensions entre pays riches et pays pauvres sur le sujet clivant du réchauffement climatique. La décision avait été prise à la COP 27 en Égypte en 2022, mais elle était restée au stade d’intention. Il reste à définir le montant des sommes dévolues à ce fonds. Les contributions des États et des institutions internationales restent au bon vouloir des cotisants.

Un objectif de 100 milliards de dollars (92 milliards d’euros) a été fixé par les pays vulnérables. Ils sont les moins responsables des dégâts causés par l’augmentation des températures, mais ils en subissent les conséquences les plus lourdes. Les Émirats arabes unis, hôte de la COP 28, et l’Allemagne ont promis chacun 100 millions de dollars (92 millions d’euros). La Grande-Bretagne veut verser 46 millions, le Japon 10 millions. Les promesses des États-Unis, le plus gros pollueur mondial, s’élèvent à 16 millions d’euros seulement.

Objectif : 100 milliards de dollars

L’Union européenne, dont la France, va y contribuer aussi. La Chine, le plus gros consommateur mondial d’énergie, et l’Arabie saoudite, le second producteur mondial de pétrole, n’ont encore rien annoncé. La frilosité des plus riches incite les premiers concernés à la prudence.

Ainsi, la diplomate sénégalaise Madeleine Diouf Sarr, représentant les 46 États du groupe des Pays les Moins Avancés (PMA), estime qu’"un fonds vide ne peut pas aider nos citoyens". Elle souligne que les pertes économiques, environnementales et humaines se chiffrent en centaines de milliards d’euros dans ces pays les plus pauvres, dont trente-trois sont situés en Afrique et un dans la Caraïbe, Haïti.

La réaction est identique de la part de la délégation des petits États insulaires (AOSIS), regroupement de quarante-quatre pays, dont dix-sept de l’archipel caraïbe. Sa direction est assurée cette année par le ministre de l’Environnement des Îles Samoa, Toeolesulusulu Cedric Schuster. Ces pays ne seront pas rassurés "tant que ce fonds ne sera pas financé convenablement et qu’il ne commencera pas à alléger le fardeau des communautés vulnérables".

Le compte n’y est pas encore

L’initiatrice de cette nouvelle architecture politique pour le financement du changement climatique, dès la COP 26 de 2021 en Ecosse, la Première ministre de Barbade, Mia Mottley, ne dit pas autre chose. "La capitalisation du Fonds pour les pertes et dommages est essentielle, car elle fournit des subventions essentielles après la catastrophe".

Les divergences d’analyses et les décisions pratiques à prendre continuent à diviser la planète. Ironie de la situation, alors que s’ouvrait la COP 28, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) confirmait que 2023 sera probablement l’année la plus chaude jamais enregistrée dans l’histoire de l’humanité. Manière de mettre tout le monde d’accord.