À 7h ce jeudi (31 octobre), Madame Z. Pavilla âgée de 92 ans a quitté sa maison de La Trinité. Elle avait l’intention de prendre le bus en direction du cimetière de Macouba afin de nettoyer le caveau familial.
Elle voulait surtout honorer sa maman qui lui a demandé "de ne pas l’oublier dans le cimetière."
La veille, Madame Pavilla a rêvé de sa mère.
C’était d’une importance capitale qu’elle se rende à Macouba, sa ville natale où la vie a été si dure dans le passé.
Madame Pavilla marchait seule sur la route d'un pas déterminé. Habillée en noir et blanc, elle portait un sachet en plastique qui contenait une brosse, un torchon et des bougies.
Malgré son genou douloureux, elle tient bien debout. Deux bus sont passés sans arrêter pour elle.
Alors qu'elle s’apprêtait à rentrer chez elle sans avoir accompli sa mission, une bonne samaritaine lui a proposé de la déposer jusqu’à Macouba.
Elle n’a pas hésité. Même si son entourage lui a dit que quelqu’un d’autre allait se charger du nettoyage du caveau. Elle voulait le voir de ses propres yeux.
Dans la petite commune du Nord, le cimetière situé derrière la vieille église, était déjà en pleine activité. On nettoie, on change les fleurs et on passe une nouvelle couche de peinture blanche. L'odeur de l'eau de javel a envahi l'atmosphère.
Le caveau de la famille Pavilla n’avait pas été nettoyé depuis un moment. Les toiles d’araignée étaient suspendues au-dessus du caveau. Le carrelage était bien encrassé.
Madame Pavilla a trouvé de l’eau et un balai. Elle a tout nettoyé.
Elle pensait à sa mère avec beaucoup plus intensité et aux autres proches enterrés dans le caveau. Son cœur était lourd. Elle ressentait de la tristesse. Dans le cimetière, elle sentait une présence.
Pour elle, nettoyer le caveau est un acte d’amour, un devoir de mémoire, une reconnaissance des aïeux, un moment de reconnecter avec les défunts.
Il a fait exceptionnellement beau au cimetière de Macouba, ce qui a surpris tout le monde. Normalement, il pleut les cordes le jour du nettoyage des tombes.
Les nouvelles fleurs égayaient le cimetière. Certains faisaient des blagues sur le Saint-Basile capable de déclencher des décès en série quand il annonçait son venu dans une commune.
Selon les traditions funéraires aux Antilles, le Saint-Basile, part avec les morts. Il aurait même une liste de noms des personnes qu'il est venu chercher.
Avant de repartir pour La Trinité, Madame Pavilla a pris le soin d’allumer des bougies sur le caveau familial. Certes, c’est prématuré. On allume les bougies le 1er novembre. Mais elle ne sait pas si elle pourra se rendre dans le cimetière de Macouba pour participer à la tradition de la Toussaint.
Elle a fait de son mieux pour respecter les vœux de sa mère et ne pas l’abandonner.
Sur le chemin du retour, elle est passée devant l’église de Basse-Pointe et a fait le signe de croix.