Vendredi 7 mai 2021, des militants de l’ASSAUPAMAR ont fait irruption sur le chantier d'une route de désenclavement au Morne-Vert, près d’une rivière. Une représentante s’est couchée sur une partie du tapis d’enrobé en cours de réalisation, pour tenter de stopper les travaux.
Plusieurs membres de l’ASSAUPAMAR (l’Association pour la Sauvegarde du Patrimoine Martiniquais) se sont retrouvés au Morne-Vert, vendredi 7 mai 2021, sur le chantier d’une route de désenclavement, au quartier Canton-Suisse.
Pour tenter de stopper les travaux en cours, une représentante de l’association écologique s’est couchée sur une partie du treillis soudé, pendant que les ouvriers coulaient la dalle de béton, ce qui a provoqué quelques tensions.
L’objectif de l’Assaupamar est de contraindre le maître d’ouvrage (la mairie) à arrêter définitivement le chantier. Les écolos (qui s’étaient déjà rendus sur le site le 23 avril dernier), sont d’autant plus déterminés, que le terrain est boisé et situé à proximité d’une rivière. L’association considère qu’il s’agit d’une "atteinte à l’environnement".
Nature du foncier
En outre, d’après une famille revendiquant la propriété des lieux, ce foncier aurait une vocation "agricole non déclassé". Depuis fin 2018, un bras de fer judiciaire a donc été engagé avec la municipalité. L’affaire devait être jugée ce mardi 11 mai, mais elle a été renvoyée au 8 juin 2021 par le tribunal (à 9h).
Pour le maire, Lucien Saliber, cette route devrait "soulager près de 700 administrés".
La personne contestataire, une opposante politique, n’a aucun titre de propriété (...).
Depuis 1985, d’anciens riverains de l’époque ont cédé l’assiette de la route qui part de Montjoly jusqu’à la croisée de Canton-Suisse, en passant par le Morne-Madame.
Aujourd’hui, cette habitante s'oppose à la poursuite du chantier, alors que 700 autres administrés seront soulagés à terme par ce désenclavement.
Souvenir de Dean
Il faut savoir que lors du cyclone Dean, plusieurs foyers de la zone concernée sont restés bloqués durant trois jours, dont des malades dialysés...
Le premier magistrat ajoute par ailleurs qu’"il n’a jamais été question de construire un lotissement sur ce terrain". Quant à l’étude d’impact réclamée par l’ASSAUPAMAR, le maire souligne qu’il n’y a "pas d’obligation". En s’appuyant sur le code de l’environnement, Lucien Saliber précise entre autres, que "cette voie de désenclavement ne passe pas dans une zone rurale de plus de 15 hectares et n’excède pas 3 Kms".
Il affirme en outre, avoir pris l’attache de la DEAL "afin d’étudier le type de franchissement pour épargner le cours d’eau".
Incendie sur le chantier
Dans un communiqué daté du 10 mai 2021, le Syndicat des Entrepreneurs en Bâtiment, Travaux Publics et Annexes de Martinique, déplore "l’incendie d’un engin de chantier" dans la nuit du 8 au 9 mai. Le SEBTPAM affirme également qu’un autre engin du maître d’œuvre (l’entreprise JLTP) a été "aspergé de carburant".
Cet acte de vandalisme lâche devra être sévèrement puni. Il vient frapper un acteur économique historique qui intervient dans un secteur déjà en crise profonde.
Rappelons que les entreprises de travaux interviennent sur les chantiers dans le cadre de contrats signés avec les Maîtres d’Ouvrage.
Elles sont tenues par des délais d’exécution et les possibilités de suspension de l’exécution des travaux sont fixées contractuellement. Les entreprises encourent des pénalités de retard lorsqu’elles ne respectent pas ces délais et elles ne peuvent donc pas "décider" de suspendre les travaux de leur propre chef.
Les pratiques incendiaires anonymes en recrudescence dans la gestion des conflits locaux, constituent un inquiétant retour en arrière dans nos rapports entre martiniquais.
Ce syndicat de professionnels apporte son soutien à son adhérent JLTP et demande "que des mesures fortes soient arrêtées par tous les maîtres d’ouvrage et les autorités, pour prévenir que de tels actes ne se reproduisent à l’avenir sur des chantiers de BTP et ailleurs".