Le niveau des élèves martiniquais laisse perplexe, en dépit des efforts du système éducatif

Elève dans une école de Martinique.
Peut mieux faire ! L’expression vient spontanément à la lecture des résultats des évaluations en français et en mathématiques des élèves de CP, CE1, CM1, 6e et 4e qui ont eu lieu dans toute la France à la rentrée de septembre. Depuis 2017, ces tests servent à mesurer le niveau des élèves en lecture, écriture, calcul et mesure. Cette année, ils sont inquiétants, estime le ministère de l’Education.

"La moitié des élèves de 4e ne lisent pas convenablement et en mathématiques, plus de la moitié ne maîtrisent pas la résolution de problèmes et la géométrie". Ces propos sont ceux du ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal, qui s’est dit inquiet devant les résultats très moyens des évaluations annuelles, lors de leur publication (lundi 13 novembre 2023).

Les résultats nationaux inquiètent le ministre, à juste titre. S’il examine au microscope les scores obtenus dans les académies lointaines, il serait catastrophé. En français, les élèves obtiennent une note allant de 245 points en Martinique à 189 points à Mayotte, pour une moyenne en France entière de 257 points.

En maths, ces scores s’étagent de 233 points en Martinique à 183 à Mayotte, pour une moyenne nationale de 254. L'académie de Paris emporte la palme dans les deux matières. Au total, six des sept académies d’Outre-mer sont classés aux six dernières places de ce classement.

Des résultats catastrophiques en Outre-mer

Une fois de plus, les élèves vivant dans les collectivités d’Outre-mer sont classés en queue de peloton. Un dirigeant du SNALC, un syndicat d’enseignants avance une explication sociologique.

 

Le score de Paris témoigne d’abord du fait que la majorité des élèves sont issus de familles aisées, ou en tout cas, pas défavorisées !

Par déduction, les résultats sont logiquement négatifs dans les territoires les plus défavorisés, ceux d’Outre-mer. À cette lecture pessimiste, soulignons celle, optimiste, de la rectrice de l’académie de Martinique. Sociologue de métier, Nathalie Mons sait parfaitement que les conditions de vie d’une bonne proportion de nos élèves sont à l’origine directe de leurs faibles performances scolaires.

En témoigne le fait que la moitié de nos élèves sont scolarisés dans les établissements en réseau d’éducation prioritaire (REP) du fait qu’ils sont issus de milieux défavorisés. D’où l’ambiteux plan de lutte contre l’illettrisme du CM1 au lycée professionnel lancé à la rentrée par l’académie, afin de surmonter les difficultés de maîtrise du français par nos enfants.

Rentrée des classes dans une école de la ville de Sainte-Luce en Martinique (illustration).

L’échec scolaire est massif et ancien

Toutefois, Il convient de rappeler que nas académies sont habituées depuis très longtemps à l’échec scolaire. Trois causes sont avancées par les analystes : les mauvaises conditions de vie des élèves ; le niveau de diplôme ou de formation de leurs parents, parfois incapables de soutenir les efforts de leurs enfants ; le décalage entre nos réalités et le contenu des matières enseignées.

Des constat dressés de longue date. Par exemple, dans un rapport du Sénat de juillet 2009, ou dans une analyse de l’Observatoire des inégalités d’août 2013. Un chiffre devrait nous alarmer. L’INSEE dénombre 31% des adultes en Martinique ne possédant aucun diplôme, ou simplement le certificat d’études primaires. La proportion était de 43% il y a dix ans, mais elle reste très élevée. Le combat de l’éducation est très loin d’être gagné.