Depuis quelques semaines, la Martinique doit faire face à à une nouvelle invasion de sargasses, sur son littoral. Les habitants se retrouvent à nouveau, en première ligne. Dans le ciel, c'est la brume de sable qui sévit. Ces deux phénomènes naturels sont liés.
Le répit aura été de courte durée pour les habitants du littoral. Depuis le retour des sargasses sur les côtes, le calvaire a recommencé. Au Marigot, les riverains situés sur le front de mer, n’en peuvent plus.
Il n’y a pas longtemps, on s’est enfermé dans la maison, parce que l’odeur montait vraiment.
Le matin au réveil, c’est désagréable. On n’a plus la possibilité de sortir comme on veut.
C’est invivable. Quand il y a beaucoup de, pluie, c’est insupportable.
On ne peut pas dormir le soir. Ça abime tout notre matériel, télé, réfrigérateur, voiture…
C'est la même situation au Robert, au quartier Pontaléry. Depuis des années, les habitants sont incommodés par les émanations de gaz causées par les sargasses en putréfaction.
Au niveau de la santé, c’est un peu plus compliqué. On a les yeux qui grattent, le nez et la gorge qui brûlent.
Ceux qui le pouvaient ont quitté leur domicile, pour s’installer loin des algues sargasses. D’autres ont réaménagé entièrement leur maison. C’est le cas de Max Marie Luce.
J’ai tout modifié. J’ai fermé et posé des vitres partout, pour éviter l’odeur et l’émanation des gaz.
Certains résidents ont payé un lourd tribut, à cause des algues brunes.
Il y a moyen de soulager les riverains. L’État aurait pu nous aider, sur les impôts, par exemple, l’exonération pour tous ceux qui habitent sur le littoral. En 2018, on avait 150 mètres de sargasses, sans voir la mer. C’était une dure réalité, pour nous.
En 2021, l’invasion des sargasses est moins importante, qu’en 2018. Mais pour les riverains, c’est une de trop.
Selon le professeur de géographie Pascal Saffache, la brume de sable accentue le phénomène des sargasses.
Pascal Saffache
Au Robert, les équipes se sont déployées sur plusieurs sites, afin de procéder au ramassage des sargasses : le front de mer, Pontaléry et Baie Cayol, à Pointe Savane. Depuis quelques semaines, des nappes d’algues dérivent en permanence, vers la côte.
L’objectif est de freiner leur progression, aux abords des barrages filtrants.
Bruno Leconte, référent sargasses, à la ville du Robert.
On a soulagé le barrage de Baie Cayol à Pointe Savane. On a fait six voyages. Cela représente à peu près, vingt tonnes de sargasses. Ce n’est pas grand-chose, quand on regarde les nappes. Mais cela permet de soulager la pression dans le barrage.
Pour le ramassage des sargasses au large, la ville du Robert utilise le Sargator. Une autre machine amphibie permet la collecte des algues plus près du littoral. Mais elle est en panne. Les conditions climatiques freinent considérablement les opérations.
Olivier Thérèse Bazile, entrepreneur.
Les machines qu’on utilise sont faites pour l’eau douce, et pas pour l’eau de mer. On les utilise quand même, faute de moyens et à cause du coût. Il y a beaucoup de moyens mis en place. Mais nous avons des contraintes. Nous sommes dans un milieu maritime. Nous avons des aléas climatiques, les courants...
Pour éviter l’échouage des sargasses, sur les côtes, la ville du Robert a installé plusieurs barrages filtrants. Pourtant, le front de mer n’est pas épargné.
On a une quantité assez importante de sargasses, qui arrive à terre. Les barrages commencent à être au point. Mais, ils ne le sont pas tout à fait.
Des solutions existent, pour améliorer l’efficacité des machines destinées à l’enlèvement des algues. Mais le coût financier reste considérable, pour les collectivités.