Ces données, fournies par le rectorat, contredisent les affirmations selon lesquelles il y aurait un manque d'enseignants en Martinique ou que les classes seraient surpeuplées. Selon l'académie de Martinique, les chiffres sont clairs et réalistes : la population scolaire, à tous les niveaux, est en diminution.
Moins d'élèves d'année en année
Selon les dernières données de l'académie de Martinique, sur les 8 dernières rentrées scolaires (de 2015 à 2023), la population scolaire a diminué de 18,2%, soit une baisse de 14 428 élèves dans le premier et le second degré, tous secteurs confondus.
Pour la rentrée 2024-2025, le territoire martiniquais enregistrera la plus forte diminution du nombre d'élèves dans le second degré, avec une baisse de 2%, soit une diminution de 577 élèves. La Guadeloupe suit de près avec un déficit de 1,9%.
À l'échelle nationale, une réduction de 7 831 élèves est prévue. Seules 7 académies sur 29 connaissent une évolution positive de leur population scolaire.
La baisse démographique de la population d'élèves scolarisés se traduit à la rentrée 2024-2025 par "la suppression de 60 moyens d’enseignement", selon l'académie de Martinique. Elle souligne, à l'appui de graphiques, que malgré cette diminution, "le taux d’encadrement reste à un niveau favorable" sur le territoire. La réduction des effectifs d’élèves s'accompagne donc logiquement d'une diminution des moyens d'enseignement disponibles.
"Spécificités locales pas considérées"
Les représentants des enseignants de l'académie de Martinique ne remettent pas en cause les chiffres avancés par l'académie, mais critiquent plutôt leur interprétation.
Ils contestent également la classification de l'académie en tant qu'"urbaine", estimant qu'elle ne correspond pas aux spécificités du territoire et aux besoins en moyens d'enseignement.
Par ailleurs, les syndicats dénoncent les pratiques jugées excessives du rectorat en matière de suppression de classes.
Selon le syndicat d'enseignants, Snes-FSU, la méthode de suppression de classes adoptée par l'académie est critiquable.
En cas de diminution d'effectifs relativement faible, par exemple de 12 ou 15 élèves, une classe est supprimée, alors que la moyenne réelle est de 24 élèves par classe.
Valérie Vertale-Loriot, co-secrétaire académique du syndicat d'enseignants Snes-FSU
Cette politique de suppression de postes, qui aurait atteint environ 1500 postes au cours des 15 dernières années, est perçue comme préjudiciable aux conditions de travail des enseignants et aux besoins spécifiques des élèves de l'académie.
Le rectorat de Martinique souligne que dans les établissements hors éducation prioritaire (HEP), la moyenne d'élèves par classe s'élève à 25,2, tandis que pour ceux situés en zone prioritaire, "des efforts sont déployés pour maintenir des effectifs limités par classe afin de favoriser l'égalité des chances".
En collège REP +, la moyenne est de 20,9 élèves par classe, tandis qu'elle atteint 22,8 en collège REP (Réseau d'Éducation Prioritaire).
Cependant, les représentants des parents d'élèves estiment que ces statistiques ne suffisent pas à évaluer la qualité de l'enseignement en Martinique. Ils soutiennent qu'au-delà des chiffres, une réflexion approfondie sur ce sujet est nécessaire, impliquant tous les acteurs de l'éducation ainsi que les élus.