Législatives 2022 : un groupe politique des députés d’Outre-mer est-il possible et souhaitable ?

Assemblée nationale
Pouvons-nous envisager que tous les députés d’Outre-mer constituent un groupe politique à l’Assemblée nationale ? Des tentatives ont eu lieu il y a cinq ans pour fédérer nos parlementaires, en dépit de leurs désaccords politiques. L’idée n’a pas prospéré, mais elle refait surface, discrètement.

Marie-Luce Penchard en a récemment parlé. Candidate à la députation en Guadeloupe, l’ancienne ministre des Outre-mer milite pour que le projet ancien de création d’un groupe de députés issus de l’Outre-mer revienne à l’agenda. Les élections n’ayant pas encore eu lieu, rien n’est encore validé.

En 2017, de nombreux députés avaient caressé le projet de créer une instance qui leur permette de mieux se faire entendre à l’intérieur et à l’extérieur de l’Assemblée nationale. Avec un minimum de quinze députés, un groupe offre une identité collective, des temps de paroles importants et des moyens humains et logistiques non négligeables. Des facilités dont ne disposent pas forcément nos parlementaires quand ils adhèrent à un groupe pléthorique.

Si un tel groupe était créé, cela signifierait que l’Outre-mer constitue une entité politique autonome. La diversité des territoires, des cultures et des problématiques ne serait plus considérée comme un obstacle mais, au contraire, comme une force. Les nécessaires majorités d’idées de nos élus sur des projets, des dossiers et des démarches seraient susceptibles de montrer au gouvernement que nous pouvons parler d’une seule et même voix, de temps à autre.

Parler d’une même voix

Il y a cinq ans, la proposition avait été lancée par les deux sénateurs de gauche de Guyane, Georges Patient et Antoine Karam. Elle avait été reprise à leur compte par plusieurs candidats aux législatives, devenus députés, tant en Guadeloupe, à la Réunion, en Polynésie qu’en Martinique.

Nos parlementaires voulaient alors se faire entendre davantage du gouvernement. Ils se disaient frustrés du manque d’attention de l’ex-candidat Emmanuel Macron quant à la complexité des problématiques de nos territoires. Cette initiative originale et innovante a pourtant été torpillée par d’autres parlementaires de gauche.

L’ancienne ministre socialiste des Outre-mer, la Réunionnaise Ericka Bareigts évoquait le risque de créer "un ghetto ultramarin" en éloignant les autres députés français de nos préoccupations. L’ancien sénateur socialiste de Martinique Serge Larcher parlait du risque de "tourner le dos à la République".

Les habitudes ont repris le dessus

Résultat : les habitudes ont repris le dessus et chacun des 27 députés d’Outre-mer s’est inscrit dans le groupe qui lui semblait le plus proche de ses convictions. Le même processus a eu lieu lors du renouvellement du Sénat, en septembre 2017. Les 21 sénateurs des 11 collectivités d’Outre-mer n’ont pas pu, eux non plus, surmonter les blocages et les hésitations de certains d’entre eux.

Il est prématuré de prétendre que la tentative échouera cette fois encore. Il reste que, comme il y a cinq ans, certains candidats agissent déjà selon le mot d’Aimé Césaire, qui avait choisi " le plus large contre le plus étroit".