Législatives 2022 : une élection chasse l’autre

Électeurs devant un bureau de vote à Rivière-Pilote.
À peine conclue l’élection du président de la République que nous devons choisir nos députés. La multiplicité des candidatures est telle, 55 officiellement, que les électeurs risquent d’avoir du mal à passer d’un scrutin à l’autre, alors qu’ils recèlent des enjeux très différents.

Pas moins de 55 candidatures aux élections législatives de 2022 ont été validées en Martinique par la préfecture. Une abondance permise par la proximité de l’élection présidentielle et par la recomposition à l’œuvre du paysage politique. Ce qui suppose le renouvellement des personnes portant de nouveaux projets et agissant selon de nouvelles pratiques.

Sauf que les enjeux ne sont pas les mêmes pour ces deux élections. Les rapports de force à l’œuvre à quelques encablures des élections législatives ne sont pas comparables à ceux de l’élection présidentielle. Pour bien le comprendre, il faut revenir aux résultats du premier tour. C’est à ce moment-là que l’électeur choisit le candidat correspond le mieux à sa vision du monde et à ses conceptions.

 Première observation : l’abstention l’a emporté devant tous les candidats, puisque sachant que 52 % des 304 000 électeurs inscrits ne sont pas allés voter. Deuxième observation : les scores inattendus de deux candidats sans implantation locale ni passé électoral, en l’occurrence Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Ils ont totalisé 69% des voix à eux deux. Le président sortant, Emmanuel Macron, perd 9 points par rapport à 2017, passant de 25 à 16% des suffrages.

Ne pas confondre les élections 

Enfin, si on retranche du nombre des inscrits les abstentionnistes et ceux qui ont opté pour le vote blanc et pour les bulletins nuls le nombre de suffrages valablement exprimés s’élèvent à un gros tiers des électeurs potentiels. À partir de ces données, il est impossible de dessiner la carte politique qui émergera à l’issue des législatives. Ces élections n’ont que peu à voir avec la présidentielle.

Ne serait-ce que parce qu’une fraction importante des forces politiques était absente de la campagne. Les indépendantistes et leurs alliés présentent des candidats dans les 4 circonscriptions mais ils ont boudé la mère de toutes les élections. Idem pour la gauche en général, que l’on n’a pas vu ni entendu, du Parti progressiste au Rassemblement démocratique en passant par le Parti communiste et la fédération socialiste. 

Une élection à deux dimensions 

Enfin, il ne faut pas oublier une constante des élections législatives. Les électeurs choisissent habituellement leurs députés parmi des militants ou des élus disposant d’un fort ancrage local. L’équation personnelle et le charisme permettent de différencier les prétendants. Les législatives revêtent le double aspect d’une élection politique nationale et d’un suffrage local.

Les mouvements de report de voix entre la présidentielle et les législatives sont rarissimes. Ils n’ont eu lieu qu’une seule fois en Martinique, en 1988. Après la réélection du président socialiste François Mitterrand, dans la foulée, les électeurs ont amplifié cette victoire en choisissant quatre députés proches de la gauche française – Guy Lordinot, Claude Lise, Aimé Césaire, Maurice Louis-Joseph-Dogué.

Vu toutes ces considérations, il n’est pas du tout certain que les législatives donneront, cette année, des résultats identiques aux tendances dégagées lors de la présidentielle. Une évidence dont sont conscients tous les candidats, n’est-ce pas ?