Les agriculteurs veulent relancer la production de lait local

En Martinique, on fabrique du lait, mais les quantités produites sont insignifiantes par rapport à la France. Depuis ces trente dernières années, la production a considérablement chuté. Un plan de relance est à l'étude.
Tous les matins, avant 6 heures, Germain Mompelat, un éleveur du Saint-Esprit, accroche aux pis de ses vaches sa trayeuse électrique pour récupérer leur lait. Le liquide est reversé dans un gros bidon relié directement à l’appareil.

Cet agriculteur répète ce geste depuis vingt ans. Il reprenait alors l’affaire de son père. Mais vingt ans après, la flamme est intacte. "Faire du lait aujourd'hui, il faut le faire par passion et par amour. Le lait, c'est du 1er janvier au 31 décembre. C'est tous les jours, deux fois par jour", raconte l'éleveur.

600 euros par mois pour vivre

L’activité rapporte peu. Entre ce que Germain gagne et ce qu’il doit acheter pour ses bêtes, il ne lui reste plus que 600 euros pour vivre. Cette situation a fini par lasser certains éleveurs qui ont préféré abandonner. Aujourd’hui, ils ne sont plus que six. "C'étaient essentiellement des anciens qui faisaient du lait. Ils avaient presque l'âge de la retraite. Il n'y a pas eu de reprise derrière", explique Gérard Vroust, conseiller qualité/performance à la Chambre d'Agriculture de la Martinique. "Le cheptel a diminué, tout comme le nombre d'élevages ainsi que la production".

Elle a été divisée par quatre en vingt ans. Pourtant, les professionnels veulent y croire. "Le mal est passé. Madivial a fait un certain travail sur la production laitière qui permet d'espérer des lendemains meilleurs", assure Germain Mompelat.

Le lait dans les yaourts

La relance de cette filière est indispensable car notre lait ne se vend plus ou très peu. Depuis cinq ans, le produit est absent des rayons frais des hypermarchés. La faute à de faibles ventes et à une production insuffisante.

Aujourd’hui, le liquide n’est utilisé que dans les yaourts. Yoplait est le seul client de la coopérative Madivial. Ils étaient encore deux il y a un an. Mais Danone a préféré rompre son contrat pour des raisons que son directeur refuse d’évoquer publiquement. Heureusement, pour les producteurs locaux, Yoplait ne l’imitera pas. La collaboration entre les deux devrait durer encore quelque temps.

"Il faut que les filières puissent vivre et survivre en Martinique", estime Valérie Ladieu, directrice générale du groupe Antilles-Glaces, auquel appartient le fabricant de yaourts. "Depuis 2015, les volumes ont l'air de revenir à la hausse. Et ce qui est très important, c'est la qualité du lait. Les yaourts sont des produits fragiles, difficile à fabriquer. Pour les faire, il faut que le lait soit de bonne qualité. Aujourd'hui, ça s'améliore".

Du fromage martiniquais

Ce lait de meilleure qualité attirerait de nouveau les acheteurs. "On a déjà une demande à ce que l'on retrouve le lait martiniquais dans les rayons", assure Ange Milia, le président de Madivial. Reste à savoir à quel prix se négociera la marchandise. Les industriels achètent actuellement le litre de lait 64 centimes. La bouteille ne devra, elle, pas coûter plus d’un euro en grande surface, promet la coopérative.

La diversification est une autre piste évoquée pour relancer la filière. Les éleveurs envisagent d’installer des laiteries et des fromageries. Cela leur permettrait d’écouler plus rapidement leur production et de créer de la demande. Ce qui favoriserait, au final, l’émergence de nouveaux producteurs de lait.