Dans ce showroom situé à Lareinty au Lamentin, à première vue, rien ne laisse penser que l'établissement subit une pénurie de véhicules. Tous les commerciaux sont occupés.
Mais les clients quittent les lieux en l’espace de quelques minutes, laissant la salle d’exposition quasiment vide. Une image souvent vue ces derniers temps.
Le taux de passage est très faible. Au quotidien, il peut se passer des jours où l’on voit, on peut le dire, quasiment personne.
Philippe Rastocle, commercial
Il n’est pas rare de voir la concession accueillir moins d’une dizaine de visiteurs par jour, contre une soixantaine habituellement. Il faut dire que les clients ont moins de choix. Seulement un à deux modèles sont disponibles. Les stocks, eux, ne se reconstituent qu’irrégulièrement, obligeant la direction à prendre des mesures préventives.
Nous, habituellement, nous fonctionnons avec un niveau de stocks qui fait que nous avons deux à trois mois de vente devant nous et des fois on se retrouve avec à peine un mois de vente. La difficulté est qu’aujourd’hui, je ne sais pas ce que j’aurais le mois prochain. C’est effectivement compliqué à gérer au niveau d’activité de la force de vente, donc auprès de nos conseillers commerciaux. Nous avons fait le choix par anticipation d’avoir recours à l’activité partielle.
Patrick Ouensanga, directeur de Blue Automobiles
Toutes les concessions doivent composer avec une baisse des stocks. Les livraisons ont diminué, en certains endroits, dans d’importantes proportions. La conséquence d’une chute de la production mondiale, provoquée elle-même, par une carence en puces électroniques. Un problème qui trouve son origine dans la crise sanitaire.
Au départ de la pandémie, la production a baissé puisque les usines fermaient, il n’y avait pas de salarié capable de les faire tourner. Le deuxième phénomène est que la production restante a été réorientée vers toutes les industries de loisirs ou celles liées au confinement, avec le télétravail. Donc l'augmentation des jeux électroniques ou des ordinateurs. Ce phénomène est resté, ce qui fait que quand l’activité automobile a redémarré, il y avait moins de production à mettre à sa disposition. Et en plus, comble de malheur, une grosse usine de puces asiatique a fermé réduisant un peu plus la capacité de production. Nous pensions en sortir courant 2022, mais la crise ukrainienne, où parait-il y a aussi une grosse production, est venue rajouter à la pandémie.
Patrick Ouensanga
Après deux années mitigées en termes de ventes, cette nouvelle contrariété pourrait faire craindre des menaces sur les emplois dans le secteur. Mais certains professionnels du secteur se veulent optimistes.
C’est vrai que les volumes sont inférieurs à ce que l‘on faisait avant, mais au niveau des concessions automobiles, les patrons de concession ont les reins solides pour passer cette crise. Donc je ne pense pas que ça va forcément impacter sur les personnels.
Michel Laupa, chef des ventes Opel, Autos GM
Quatre à cinq grands groupes (Hayot, Parfait, Aubéry, Citadelle…) se partagent le marché automobile en Martinique.