Les djobeurs maintiennent la tradition dans les cimetières de Martinique

Les djobeurs (de gauche à droite) Evans, Loulout, Geromy et Johanna.
Depuis la nuit des temps, à la fête de la Toussaint, les djobeurs sont prêts à réaliser les petits boulots. Exemple au cimetière de l’Ermitage à Fort de France où filles et garçons maintiennent la tradition dans une ambiance conviviale.

Ils sont généralement jeunes, d'âges différents et proposent leur service contre quelques pièces et billets, histoire de se faire un peu d’argent de poche.

L’évolution environnementale en matière de santé, exige une forte connaissance, même pour décaper des carreaux ou conforter les tombes à même le sol.

Des djobeurs au "combat" malgré la crise

À quelques mètres du centre-ville de Fort-de-France, dans le quartier populaire de l'Ermitage, le long de la rue Pierre Brice, les djobeurs (bricoleurs qui effectuent des petits travaux), du cimetière du Trabaud, font perdurer la tradition.

Ce lundi 1er novembre 2021, ils attendent l’ouverture pour se rendre sur les tombes.

Histoire comique..

Pendant ce temps, les marchandes échangent avec d'autres jeunes arrivés à moto. Les plaisanteries fusent et les petites histoires remontent à la surface.

La plus croustillante est celle d'une femme qui a failli passé son début de soirée du 31 octobre 2021, enfermée dans ce lieu. 

Cette jeune dame est entrée alors que la fermeture était proche. On le lui a dit. Nous djobeurs avons rangés nos outils de travail. Cela a duré 20 minutes. La gardien et nous-mêmes avons fait les allées pour rameuter les derniers visiteurs. Il y a eu la sonnerie. Personne. Le cimetière a été fermé. Chemin faisant, je me suis dit que cette dame n’était pas sortie. Il y a des gens qui restent dans leurs caveaux. Je suis retourné et j’ai trouvé une dame qui respirait fortement devant la grille de sortie. Finalement le gardien l’a délivrée.

Un djobeur

Martinique la 1ère

Les djobeurs installent leurs motos, puis comme un véritable ballet, ils s’emparent des poubelles et les dispatchent aux 4 coins du cimetière. C’est un geste de solidarité vis-à-vis du gardien qui travaille seul sur un périmètre étendu.

Ceux qui attendaient l’ouverture, empruntent les allées pour se rendre sur leur monument funéraire.

L'entrée du cimetière du Trabaud à Fort-de-France

Sous le manguier à palabres, des jeunes discutent avec une mamie qui envisage un travail de dernière minute pour repeindre les lettres dorées d’un caveau.

La Djobeuse Johanna se prépare à effectuer le travail. Elle a 26 ans, habite le quartier. Depuis 6 ans, elle adore travailler pendant la période la Toussaint sur le site du Trabaud. Volonté et courage sont ses maîtres mots.

Aujourd’hui la prolifération de constructions de caveaux a changé le mode de fonctionnement et les rapports entre les gens. De plus la pandémie modifie le contexte.

Johanna la djobeuse du cimetière du Trabaud à Fort-de-France, s'alarme de la déperdition de la tradition en Martinique. ©Daniel Betis

À leur manière, les djobeurs essayent de faire perdurer la tradition martiniquaise. Pour combien de temps encore ?