"Les femmes méritent leur place dans le judo en Martinique"

Les judokates du regroupement "Hajimé" accompagnées de la jeune génération.
Elles sont sept femmes passionnées de judo et pour la plupart hautement gradées dans la discipline. Elles ont décidé de se rassembler et de créer le regroupement "Hajimé" afin de valoriser les femmes judokas. 
Pour nouer correctement sa ceinture, Jade, 4 ans se fait aider par son professeur. Elle a commencé le judo, il y a tout juste trois mois, en septembre 2020. Sur cet art martial, la jeune judokate a ses préférences et semble y trouver son compte. 
 

J'avais envie de faire du judo. J'aime faire des roulades et Sophie m'apprend à en faire. J'aime bien.

Jade Attely

 
Jade et son professeur de judo Sophie Sylvanise, ceinture noire 3e Dan.
Son enseignante, Sophie Sylvanise est ceinture noire 3e Dan de judo. Professeur depuis 1998, elle fait partie des judokates qui forment le regroupement "Hajimé".
 

Mon but est de transmettre des valeurs à travers le judo qui a un code moral. Donc j'essaie de véhiculer ces valeurs morales aux enfants pour qu'ils puissent s'épanouir et que cela leur serve pour plus tard dans leur vie future.

On est des femmes judokas certes, mais on est d'abord des femmes. Et mettre la femme judoka en valeur, c'est faire ressortir quelque part cette féminité qui n'est pas indissociable du judo. Longtemps c'était considéré comme un sport réservé exclusivement à la gent masculine. D'ailleurs souvent, on me fait des réflexions sur ma morphologie parce que le corps est musclé. 

Un regroupement comme ça permet de mettre en valeur ces choses qui ont été souvent décriées et aussi bien avec les petites. Parce que nous, nous n'avons pas eu la chance, nous les pionnières, de vivre ça. Ce regroupement permet d'affranchir le judo féminin et de rendre les choses beaucoup plus évidentes pour elles.

 
Sur la liste des gradés de Martinique, Gladys Rovela est ceinture noire, 1er Dan. Elle a été la deuxième championne de France chez les sourds.
Depuis deux ans, elle aussi enseigne la discipline aux plus jeunes. Gladys Rovela, ceinture noire, 1er Dan est également déficiente auditive. Un handicap qui ne l'a jamais gêné. Elle a été la deuxième championne de France des sourdes.
 

J'ai commencé le judo parce que je me suis dit que je pouvais. Je suis sourde, mais pas aveugle donc je regarde et je fais. Pour moi ce n'est pas difficile. 

J'ai arrêté la compétition, maintenant je donne des cours aux adultes et aux enfants. On ne peut pas garder ce que l'on sait pour soi, c'est important de transmettre, ça nous permet d'avancer et d'apprendre des autres. 

Je signe pour mes élèves et je leur demande d'essayer également. Il n'y a pas de difficulté de communication. J'aime ce que je fais et mes élèves m'aiment bien. 

 

"Hajimé" signifie "commencez"


Prononcée par le professeur ou l'arbitre pour lancer une technique ou un combat, cette expression reflète bien le souhait des femmes qui composent ce regroupement. Sophie, Carole, Catherine et les autres sont toutes ceintures noires de judo. Elles ont décidé d'unir leur voix afin de mettre en lumière les féminines de la discipline.
Reportage web habillage 1ère
Parmi ces femmes, un symbole. Michèle Fagour a été la toute première femme à obtenir la ceinture noire en Martinique, en 1983. Elle se souvient encore du "combat" qu'il a fallu mener afin d'obtenir les mêmes opportunités que les hommes. 
 

J'ai commencé en 1975 et j'ai eu ma ceinture en 1983. On a dû s'imposer et faire que les choses avancent dans le judo féminin. On nous disait qu'il fallait aller dans l'Hexagone pour passer la ceinture noire alors que les garçons pouvaient le faire ici. 

La ligue de judo en ce temps-là n'était pas intéressée et ne s'occupait que des garçons et après on a pu faire comprendre qu'il fallait que les femmes avancent dans le domaine. 

Les choses ont beaucoup évolué parce qu'il y a beaucoup de plus de filles et je suis très heureuse de voir qu'il y a des petites qui commencent dès 4 ans. 


À l'image des championnes Émilie Andéol ou Amandine Buchard qui se sont illustrées aux Jeux olympiques, aux championnats du monde et d'Europe, la jeune génération a de plus en plus de modèles féminins. Elle peut également en trouver en Martinique. 
 
Marjorie Boura, ceinture marron, organise de main de maître la gestion du regroupement féminin "Hajimé".

Entourée de ses amies judokates, Marie-Claude Ivaldi, 4e Dan, joue la sobriété et a laissé ses médailles à la maison. Championne d'Europe, du monde et du tournoi de France vétéran, le palmarès de celle qui a commencé le judo parce qu'elle "aimait se battre et qu'il fallait la canaliser", n'est pas négligeable. 
 

Nous ne sommes pas nombreuses, mais nous avons du talent. Les femmes ont leur place dans le judo et méritent cette place. Si on regarde les résultats internationaux des judokas évoluant en Martinique, il n'y en a pas beaucoup et ce sont les femmes qui les ramènent. 

Avec le groupe "Hajimé", on essaye de faire revenir au judo toutes ces féminines et de montrer que le judo féminin existe et que nous sommes là. Nous menons des actions ponctuelles avec la Ligue, avec les clubs pour faire des manifestations, faire des projets avec eux. 

 
Parmi les femmes qui composent le regroupement "Hajimé", six des plus haut gradées du judo féminin de la Martinique.
Au total sept femmes aux profils complémentaires composent ce rassemblement 100% féminin afin de faire briller de mille feux une discipline qui les a façonnées au fil des années.