J'avais envie de faire du judo. J'aime faire des roulades et Sophie m'apprend à en faire. J'aime bien.
Mon but est de transmettre des valeurs à travers le judo qui a un code moral. Donc j'essaie de véhiculer ces valeurs morales aux enfants pour qu'ils puissent s'épanouir et que cela leur serve pour plus tard dans leur vie future.
On est des femmes judokas certes, mais on est d'abord des femmes. Et mettre la femme judoka en valeur, c'est faire ressortir quelque part cette féminité qui n'est pas indissociable du judo. Longtemps c'était considéré comme un sport réservé exclusivement à la gent masculine. D'ailleurs souvent, on me fait des réflexions sur ma morphologie parce que le corps est musclé.
Un regroupement comme ça permet de mettre en valeur ces choses qui ont été souvent décriées et aussi bien avec les petites. Parce que nous, nous n'avons pas eu la chance, nous les pionnières, de vivre ça. Ce regroupement permet d'affranchir le judo féminin et de rendre les choses beaucoup plus évidentes pour elles.
J'ai commencé le judo parce que je me suis dit que je pouvais. Je suis sourde, mais pas aveugle donc je regarde et je fais. Pour moi ce n'est pas difficile.
J'ai arrêté la compétition, maintenant je donne des cours aux adultes et aux enfants. On ne peut pas garder ce que l'on sait pour soi, c'est important de transmettre, ça nous permet d'avancer et d'apprendre des autres.
Je signe pour mes élèves et je leur demande d'essayer également. Il n'y a pas de difficulté de communication. J'aime ce que je fais et mes élèves m'aiment bien.
"Hajimé" signifie "commencez"
Prononcée par le professeur ou l'arbitre pour lancer une technique ou un combat, cette expression reflète bien le souhait des femmes qui composent ce regroupement. Sophie, Carole, Catherine et les autres sont toutes ceintures noires de judo. Elles ont décidé d'unir leur voix afin de mettre en lumière les féminines de la discipline.
J'ai commencé en 1975 et j'ai eu ma ceinture en 1983. On a dû s'imposer et faire que les choses avancent dans le judo féminin. On nous disait qu'il fallait aller dans l'Hexagone pour passer la ceinture noire alors que les garçons pouvaient le faire ici.
La ligue de judo en ce temps-là n'était pas intéressée et ne s'occupait que des garçons et après on a pu faire comprendre qu'il fallait que les femmes avancent dans le domaine.
Les choses ont beaucoup évolué parce qu'il y a beaucoup de plus de filles et je suis très heureuse de voir qu'il y a des petites qui commencent dès 4 ans.
À l'image des championnes Émilie Andéol ou Amandine Buchard qui se sont illustrées aux Jeux olympiques, aux championnats du monde et d'Europe, la jeune génération a de plus en plus de modèles féminins. Elle peut également en trouver en Martinique.
Entourée de ses amies judokates, Marie-Claude Ivaldi, 4e Dan, joue la sobriété et a laissé ses médailles à la maison. Championne d'Europe, du monde et du tournoi de France vétéran, le palmarès de celle qui a commencé le judo parce qu'elle "aimait se battre et qu'il fallait la canaliser", n'est pas négligeable.
Nous ne sommes pas nombreuses, mais nous avons du talent. Les femmes ont leur place dans le judo et méritent cette place. Si on regarde les résultats internationaux des judokas évoluant en Martinique, il n'y en a pas beaucoup et ce sont les femmes qui les ramènent.
Avec le groupe "Hajimé", on essaye de faire revenir au judo toutes ces féminines et de montrer que le judo féminin existe et que nous sommes là. Nous menons des actions ponctuelles avec la Ligue, avec les clubs pour faire des manifestations, faire des projets avec eux.